Le déconfinement vu de Berlin : vers un lent retour à la normale ?

Le-deconfinement-vu-d-Allemagne-vers-un-lent-retour-a-la-normale-UNE femmexpat 559x520Depuis mi-mars, l’Allemagne, comme une bonne partie de l’Europe et du monde, est à l’arrêt à cause du Coronavirus. Maintenant que le taux de contamination a fortement baissé et la saturation des hôpitaux été évitée, une timide sortie des restrictions imposées par la crise a débuté.

Avec quelques semaines d’avance sur la France, à quoi ressemble le retour progressif à la vie « d’avant » – version allemande ?

Voici le témoignage de Mélodie, expat à Berlin.

Tout est sous contrôle

Il est tout d’abord utile de préciser que je vis à Berlin. En Allemagne, il n’est pas question de décision centrale du pouvoir. Il s’agit d’un pays fédéral, divisé en seize Länder (états) où chacun d’entre eux décide des mesures à adopter afin de contenir l’épidémie du coronavirus. Rebelle à l’autorité, la capitale allemande s’est toujours distinguée par sa soif absolue de liberté. Une fois n’est pas coutume, elle a fait preuve de plus de souplesse que des Länder plus conservateurs comme la Bavière qui a confiné sa population. 

S’il n’a jamais vraiment été question de confinement ici, notre vie quotidienne s’est trouvée malgré tout chamboulée. Les lieux de socialisation, les établissements culturels et sportifs, les écoles, puis les commerces non essentiels ont tour à tour fermé. Les rassemblements de personne, de plus en plus restreints, ont fini par être limités à deux personnes avec une distance de 1,50 m. Par ailleurs, nous sommes toujours fortement invités à rester chez nous et à limiter nos sorties. 

La capitale connue pour son dynamisme et son énergie survoltée habituelles s’est trouvée soudainement paralysée. Ainsi dépouillée de sa jeunesse fêtarde, de ses touristes, ses communautés internationales dont beaucoup sont repartis précipitamment dans leurs pays d’origine, elle s’est métamorphosée en quasi ville-fantôme.

Berlin redoutait une hausse des problèmes domestiques et psychologiques en imposant de trop fortes restrictions à sa population. Elle a donc fait en sorte de limiter les dégâts directs et collatéraux de l’épidémie en refusant des mesures trop restrictives

Le début de la fin ?

Avec 11.000 lits de réanimation pour moins de 6.000 cas testés positifs depuis début mars, l’épidémie au coronavirus paraît sous contrôle à Berlin. Nous voudrions tous en finir au plus vite, revenir à la normale, mais, ce faisant, nous prendrions sans doute le risque d’anéantir les efforts et sacrifices déjà entrepris. Le virus est si nouveau que personne ne peut prévoir l’évolution de sa diffusion avec certitude. Par conséquent, le gouvernement avance précautionneusement et étudie un mouvement à la fois. 

  • À condition que la distance minimale et toutes les mesures d’hygiène puissent être respectées, les petits commerces de moins de 800 m² ont été les premiers autorisés à rouvrir.
  • L’école a déjà repris pour les classes se soldant par un examen à la fin de l’année scolaire. Une rentrée progressive pour les autres est en cours.
  • Les coiffeurs sont de nouveau ouverts et ont vu leurs réservations s’envoler. Quelques musées et bibliothèques ainsi que les jeux pour enfants doivent être opérationnels dans les prochains jours.
  • Enfin, les restaurants, seulement autorisés à fournir des plats à emporter, devraient avoir leur réouverture discutée dans la semaine.

Le reste attendra en fonction de l’évolution de la situation. 

Une deuxième vague qui occasionnerait le rebond du taux de contamination est à craindre. Aussi, l’Allemagne et Berlin ont adopté deux mesures phares : le maintien des distances sociales et le port du masque. Chirurgical, cousu en tissu, ou improvisé avec un foulard, peu importe, la bouche et le nez doivent être couverts dans les transports en commun et les supermarchés.

A ce stade, il n’est pas impossible qu’ils deviennent généralisés pour toute sortie dans l’espace public. Ou peut-être se rendra-t-on compte de leur inutilité. Encore une fois, le gouvernement ne peut tirer des conclusions que de ses actions dans cette course contre le virus. 

L’impossible retour à la normale

Lorsque le printemps arrive, Berlin, sortant alors d’un très long hiver, entre en ébullition. Les Berlinois vivent dans une perpétuelle relation amour-haine avec leur cité. Après avoir subi un de ses hivers maussades, elle devient soudain la plus belle ville au monde tant ses possibilités paraissent infinies. Nous pouvons alors profiter nonchalamment de ses multiples espaces verts, marchés aux puces et fêtes en open-air. La période est courte, aussi nous tâchons d’en profiter au maximum. Il faut faire le plein pour supporter un nouvel hiver.

Ce printemps-ci, nous sommes privés de l’effervescence habituelle de notre capitale bien-aimée. Nous savons déjà que ce sera un drôle d’été et, sans doute, d’automne. Le 1er mai, l’une des fêtes les plus populaires et qui célèbre le mieux l’esprit libertaire de la ville, a dû être annulée. Sans doute le plus calme depuis près de 100 ans ! Jamais je n’aurais pensé ne pas pouvoir y prendre part. Et ce sera le cas pour tous les gros événements habituels ou rassemblant plus de 1.000 personnes, au moins jusqu’à octobre. 

Capitale de la musique techno et forte de ses centaines de clubs, nous n’arpenterons pas non plus leurs dancefloors avant de longs mois. Il reste éventuellement un peu d’espoir pour les théâtres, cinémas, bars et petites salles de concert… S’ils tiennent le choc financier d’ici là !

Avec mes amis, nous évoquons, nostalgiques, le Berlin insouciant d’il y a encore deux mois. Comme une époque révolue. Nous savons pourtant à quel point nous sommes privilégiés.

Après tout, nous pouvons encore nous rencontrer à deux. C’est un luxe total par rapport aux pays voisins ou ailleurs dans le monde. Pour autant, nous nous surprenons à rêvasser de pouvoir choisir dans quel restaurant ou bar prolonger la rencontre avec d’autres… Cela viendra, mais quand ? 

Le coronavirus fait partie de nos vies

Les visages masqués un peu partout sont là pour nous le rappeler : la menace n’a pas disparu.

L’ennemi, invisible, continue de se propager et tant que nous n’avons ni traitement, ni vaccin, nous sommes à sa merci. Loin de me rassurer, ces masques m’effraient. Avec eux, impossible d’oublier.

Aussi, j’essaie encore de rester le plus possible chez moi et de limiter mes courses ainsi que mes interactions sociales. Là aussi, j’ai bien conscience qu’il s’agit d’un nouveau privilège. J’ai tout de même commencé à reprendre les transports en commun après près de deux mois. En temps normal, je savourerais l’absence de voyageurs et tout cet espace disponible. Mais les masques, encore eux, les distances marquées, voire les regards inquiets des autres passagers me rappellent qu’il n’y a rien de savoureux.

Et puis, en choisissant de m’expatrier en Allemagne, jamais je n’aurais pensé qu’un jour, je ne pourrai plus effectuer des allers-retours avec la France à ma guise. 

Le coronavirus s’est bien implanté. Qu’on le veuille ou non, il fait désormais partie de nos vies et en a pénétré jusqu’aux sphères les plus intimes.

Revenir à la normale est une utopie à laquelle se raccrocher. Nous y parviendrons vraisemblablement, mais cela prendra du temps. En attendant, nous nous délectons de la moindre lueur d’espoir, la moindre restriction levée, le moindre contact autorisé. C’est toujours une bouffée d’oxygène supplémentaire que le Covid-19 ne nous aura pas volé. 

Melodie-JulienneMélodie depuis Berlin

Rédactrice web, Mélodie est basée en Allemagne depuis bientôt 4 ans après avoir vécu quelques temps en Thaïlande où elle a enseigné le français.
Ne perdant jamais une occasion de découvrir le monde et ses merveilles, elle attend avec impatience la fin de la crise du coronavirus pour en reprendre l’exploration tout en poursuivant son activité de rédaction. 

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