S’aimer en Inde, le nouveau livre d’Emilie Anand

Lectrices de FemmExpat, vous connaissez déjà Emilie. Cette expat, qui vit depuis 18 ans en Inde, nous avait parlé des challenges de l’éducation des enfants au sein de couples bi-nationaux, un sujet qu’elle vit de près, puisqu’elle a fondé sa famille mixte en épousant un Indien en 2014. Son ouvrage, qui vient de paraître aux Editions Complicités est le fruit de 6 années de recherches sur les codes de l’amour et de la sexualité en Inde. Pour FemmExpat, elle revient sur la genèse de ce livre.

Emilie, cet ouvrage, c’est un peu celui que tu aurais aimé avoir entre les mains à ton arrivée en Inde, n’est-ce pas ?

Tout à fait ! Je suis arrivée assez jeune en Inde, dans une phase post-adolescence / pré-adulte et, à cet âge, l’Inde a bouleversé beaucoup de choses dans ma vie, notamment sur le plan sentimental. Ma première relation – qui a quand même duré 6 ans – m’a fait profondément réfléchir à de nombreuses questions, des mystères que je cherchais à résoudre. J’ai par exemple découvert qu’en Inde, le vocabulaire de l’amour était différent, de même que les codes de la famille. Et c’est là que j’ai commencé mes recherches…

Ce livre tente de décoder quelques fondamentaux de la société indienne…

On démarre par cela : il est impossible de comprendre les rouages de l’amour en Inde sans connaître les codes qui régissent la cellule familiale indienne. Celle-ci est le centre de tout et prime sur l’individu. Souvent le fils reste avec ses parents et son épouse intègre la cellule patriarcale. Mais la famille, c’est aussi le filet qui empêche que tout s’écroule quand on n’a pas de sécurité sociale. C’est vers elle qu’on se tourne quand on a besoin d’argent pour soigner un parent qui tombe malade, etc.

Avec un tel schéma de départ, il y a peu de place pour le romantisme ?

En réalité, c’est plus compliqué que cela, et c’est l’objet de mon ouvrage. Les notions, dites égocentriques, d’amour romantique et de plaisir sexuel, ont été tenues à l’écart du mariage, que l’on arrange pour préserver la famille. En résumé, l’important c’est que chaque individu s’acquitte de son devoir social de reproduction pour que la famille s’élargisse et que le clan familial perdure. Cela explique pourquoi il y a encore tant de mariages arrangés en Inde (parfois forcés, mais le plus souvent acceptés par les époux) …

Peut-on alors conclure que la sexualité des Indiens est « pauvre » ?

On pourrait le penser ; certains le postulent d’ailleurs. Si la sexualité dans le mariage arrangé ne démarre pas forcément sous les meilleurs auspices, il y a d’autres avenues de plaisir, notamment en dehors du mariage. Et puis la mythologie hindoue, dans laquelle je me suis plongée à cette occasion et à laquelle j’ai consacré un chapitre, regorge d’histoires et de mythes des plus sulfureux – comme celui du couple divin Shiva-Parvati ?  Et puis il y a bien sûr le KāmaSūtra…

Tu tentes d’ailleurs d’expliquer aussi pourquoi l’Inde du 21ème siècle n’est pas celle du KāmaSūtra

L’Inde du KāmaSūtra a depuis longtemps fait place à l’Inde du puritanisme. Les sculptures érotiques des temples hindous ont été abîmées par les épées des envahisseurs mogholes et par la patine du temps. Les prouesses sexuelles du dieu Shiva sont tombées dans l’oubli depuis que les colons victoriens ont déclaré les Yogi criminels.

C’est un travail titanesque de recherche

En effet, en plus des sources historiques, j’ai interrogé plusieurs spécialistes de la question sexuelle en Inde. Notamment le Dr Mahinder Watsa, décédé en 2020 à 96 ans et qui avait tenu une rubrique « Ask the Sexpert » dans le Mumbai Mirror pendant 15 ans. Il avait été l’un des premiers à s’emparer de la question de l’éducation sexuelle en Inde… J’ai également échangé avec des gynécologues, des psychanalystes. Et j’ai eu la chance de bénéficier des éclairages de Joelle Mignot, indophile et spécialiste de sexualité en France.

Ces rencontres permettent d’avoir un regard différent sur l’homosexualité en Inde, mais aussi sur les violences sexuelles – encore taboues malgré leur prévalence et incarnées par le drame de Nirbhaya en 2011.

Bonne nouvelle, les choses bougent un peu ?

L’Inde connaît un essor économique incroyable, et, avec lui, une ouverture sur le monde qui fait bouger un peu les lignes. La sexualité est de moins en moins un sujet tabou, les mariages forcés reculent, une révolution est en marche…  

Pour acheter le livre

En France :

Pour acheter le livre en Inde : www.emilieanand.com

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