De la fausse couche au bonheur d’être parents, récit d’un chemin vers la maternité

Deux corbeaux et une cigogne - livre DianeSouvent banalisées ou passées sous silence, par pudeur, ou parce que cela reste encore tabou, les fausses couches concernent pourtant une femme sur quatre. La vivre est déjà une épreuve mais quand cela se produit en expatriation, les sentiments sont encore décuplés…

« Cela fait six mois que nous n’y avons pas mis les pieds, mais nos pas nous guident instinctivement vers le bon bâtiment. Au bout du couloir, deux bureaux. Une dame. Pas d’attente. La prise de tension, de température.

Un coup de téléphone : Oui, bonsoir, j’ai une petite dame qui vient d’arriver. Est-ce que quelqu’un peut venir l’examiner ?

Un silence. Puis les mots que nous redoutons tant : suspicion de fausse couche. « 

Dans son livre « Deux corbeaux et une cigogne », Diane nous entraîne dans un voyage à travers le désir d’un couple qui souhaite devenir parents et pour qui tout ne se passe pas exactement comme prévu… Il s’agit d’un récit optimiste, gorgé d’espoir, qui vous transportera de la France à l’Islande, du Sri Lanka aux Maldives. Un témoignage franc, sincère et optimiste, à l’attention des jeunes femmes et mères de demain.

Rencontre.

Deux corbeaux et une cigogne est votre histoire… l’histoire d’un projet de maternité bousculé… pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Nous nous sommes lancés dans l’aventure de la maternité lorsque j’avais 32 ans. Quelques mois après, j’étais enceinte et aux anges mais ma grossesse n’a malheureusement pas été évolutive. J’étais à cette époque, et sur ce sujet, d’une naïveté incroyable. Cette première grossesse a été très médicalisée avec des allers-retours entre différents examens et médecins. On a navigué entre espérance et désarroi. L’attente a été difficile à vivre, jusqu’à la confirmation que ma grossesse était bien arrêtée.

J’ai eu la chance de rencontrer une sage-femme qui m’a formidablement bien accompagnée et qui m’a permis de faire les choix qui me correspondaient. Lorsque j’ai concrètement fait ma fausse couche, j’étais en paix avec ce qui était en train de se passer.

Je suis retombée enceinte trois mois après. Une grossesse qui semblait très bien partie et qui s’est à nouveau soldée par une fausse couche. On a commencé à se poser des questions quant à notre fertilité. Est-ce qu’on avait un problème ? Est-ce que nous devions faire des examens ? On voulait comprendre. On voulait pouvoir agir.

Mais dans une fausse couche, il faut accepter que l’on ne peut rien faire.

Une femme sur quatre vit malheureusement une fausse couche dans sa vie. Pourquoi est-ce si tabou ?

D’une part, on parle difficilement de la mort dans nos sociétés occidentales. Mais quand elle arrive, de surcroit, à un enfant que l’on porte, ce n’est pas dans l’ordre des choses. En effet, les enfants sont censés survivre aux parents. Cela rajoute un malaise au malaise.

Du coup, pour l’entourage, c’est plus facile de ne pas en parler ou de minimiser l’événement, particulièrement quand il s’agit de fausse couche au cours du premier trimestre.

On est nombreux(ses) avoir entendu des phrases difficiles comme « à ce stade, ce n’était qu’un amas de cellules », ou « ça n’était pas une vraie grossesse » ou « il faut passer à autre chose ». Ces phrases sont souvent prononcées de manière bienveillante mais elles sont en réalité assassines pour le couple qui traverse une fausse couche. Il peut se sentir non compris dans sa peine et la réaction pour se protéger, et bien c’est de ne pas en parler. On entretient ainsi le tabou sur ce sujet, tel un cercle vicieux.

Et puis, les fausses couches font peur. Il y a parfois une sorte de croyance pour les femmes en âge d’avoir des enfants, que si elles en parlent, ça va leur arriver. Un peu comme une prophétie autoréalisatrice.

Je pense au contraire que plus on libère la parole, mieux on se porte pour le couple, mais aussi l’entourage.

Face aux fausses couches ou à l’enfant qui ne vient pas, les émotions font le grand huit : entre tristesse, colère et culpabilité… Le vivre en expatriation décuple aussi ces sentiments. Comment rester sereine et surmonter ce drame ? A qui, à quoi se raccrocher ?

Généralement, il y a un grand sentiment de solitude qui accompagne la fausse couche, puis le deuil périnatal.

Ce sentiment peut être renforcé en expatriation car on est loin de son pays, des siens, également d’un système médical que l’on connaît et dans lequel on a confiance. Mais, on a aussi pu lier des amitiés extrêmement fortes en expatriation, qui sont d’une aide inestimable.

Ce qui me semble critique, c’est d’abord de PARLER.

D’exprimer ses émotions. Car elles sont TOUTES LÉGITIMES même si parfois elles sont très désagréables à ressentir.

  • Oui, on éprouve une grande tristesse, et c’est normal.
  • On éprouve de la colère : « pourquoi ça tombe sur nous ! ».
  • De la culpabilité : « qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ! ».
  • On ressent de la jalousie et en même temps de la joie pour toutes ses amies qui tombent enceintes et qui connaissent une grossesse évolutive.
  • On peut perdre confiance dans son corps qui n’a pas su porter la vie.

Tout ça, c’est NORMAL. Accepter de ressentir cet imbroglio d’émotions, les exprimer sans s’en vouloir, c’est vital.

Il faut trouver les bonnes personnes à qui en parler…

Oui, il est très important de pouvoir en parler à quelques personnes qui vont véritablement écouter SANS JUGER.

Pour ma part, ma mère et ma sage-femme ont été exceptionnelles. Des associations proposent aussi une aide très soutenante comme Agapa. J’ai d’ailleurs interviewé leur vice-présidente dans l’épisode 8 du podcast Gloria Mama, un épisode qui peut faire du bien à toutes celles/ceux qui ont connu/connaissent le deuil périnatal (à écouter sur votre plateforme de podcast préférée ou directement sur le site gloriamama.com).

Et vous parlez aussi de l’importance d’avoir le CHOIX quant aux solutions proposées concernant cette grossesse.

Dans des pays très médicalisés comme la France, on se voit souvent proposer un curetage ou la prise d’un médicament. Mais on peut aussi choisir d’attendre que le corps se sépare de ce bébé de lui-même.

Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients. Et, bien connaître les alternatives, c’est important. Faire un choix qui nous correspond, c’est crucial dans la manière dont on vivra les choses après.

D’où l’importance d’être accompagné avant, pendant et après qui est primordial pour la femme et… pour l’homme !

Votre livre est tiré de votre expérience personnelle… On imagine que la rédaction de cet ouvrage n’a pas dû être simple. Était-ce nécessaire pour faire votre deuil ? Vous êtes-vous sentie investie d’une mission ?

Au contraire, cela a été facile ! Car quand j’ai écrit ce livre, j’étais très au clair avec mes fausses couches. J’avais fait le deuil de ces bébés. Et j’étais enceinte de ma fille, une grossesse évolutive cette fois !

Cependant, certains passages du livre ont été rédigés bien avant que je décide d’écrire, alors même que j’étais dans le tourbillon émotionnel de mes fausses couches. L’écriture, à ce moment-là, a été pour moi un moyen d’y voir plus clair et de me libérer de certaines émotions, de prendre du recul.

Une mission ? Oui, en quelque sorte. Ce livre est très intime. J’y ai mis toutes mes tripes et parfois, j’appréhende les réactions qu’il pourrait susciter. Mais je l’ai fait car j’ai envie qu’on libère la parole sur ce sujet encore beaucoup trop tabou.

Je veux aussi que les soignants se rendent compte du rôle critique qu’ils ont à jouer. Trop de femmes et d’hommes ne sont pas accompagnés émotionnellement, psychologiquement. Or, une fausse couche, ce n’est pas rien !

Et j’ai envie que les femmes sachent qu’il n’y a pas que des solutions médicalisées. Qu’il peut y avoir d’autres manières de vivre sa fausse couche. Une manière qu’on choisit et qui nous correspond. Pas une manière imposée, vécue comme un traumatisme.

Et au-delà de tout, je souhaite que mon livre fasse du bien, apporte du réconfort aux couples qui traversent cette épreuve. Et pour l’entourage, de comprendre ce qui se joue dans ces moments-là.

Quels conseils donner aux proches qui sont censés réconforter celles qui perdent un bébé. Quelles maladresses éviter ? Comment les sensibiliser ?

1 – Écouter, écouter, et encore écouter :

C’est avant tout cela qui fait beaucoup de bien à la personne qui vit une fausse couche. Ne jamais minimiser la peine exprimée mais la comprendre, ou du moins, ne pas la juger.

2 – Être dans le soutien et la proposition :

Jamais dans l’injonction. S’intéresser à l’autre, lui demander comment elle (et son compagnon) se sent(ent), ce qu’on peut faire pour elle/eux, pour les épauler.

3 – Acceptez que le processus de deuil prenne du temps :

Chaque personne chemine à son rythme, en fonction de son vécu, et se projettera (ou pas) dans une nouvelle grossesse quand ce sera le bon moment.

portrait dianeDiane Léonor est aujourd’hui mère de deux enfants. Elle est la créatrice du site et du podcast Gloria Mama, florilège d’interviews de professionnels et de témoignages sur la maternité à travers le monde. Elle y invite les femmes à s’interroger, s’informer pour être actrice de leur grossesse et de leur accouchement.

Son podcast est disponible sur toutes les plateformes de podcast (Apple podcast, Spotify, Deezer, Stitcher, Tune In, Google podcast…) et sur son site internet.

Son livre, « Deux corbeaux et une cigogne », publié aux Éditions Michalon, est disponible en librairie et sur toutes les plateformes de ventes en ligne (Fnac, Amazon )

 

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