Consulter un psychologue à l’étranger et en téléconsultation : oui, mais… 

psychologue à l'étranger

Vous le savez sans doute, les expatriés n’ont pas attendu le Covid pour consulter à distance. Vous êtes nombreuses à connaître des plateformes comme Eutelmed, par exemple. Depuis la pandémie, l’offre de téléconsultation a explosé, rendant la possibilité de bénéficier d’un suivi psychologique (par exemple) vraiment aisée depuis l’étranger. Mais attention ! Comment savoir si le praticien que vous avez choisi est bien au fait des pratiques en distanciel ? Comment choisir un psychologue en ligne en expatriation ? Est-ce qu’une consultation en ligne a les mêmes résultats et bénéfices qu’une séance en présentiel ? Nous avons posé toutes nos questions à Ludmilla Foy-Sauvage, membre du réseau Psy Expat, qui participe à un groupe projet au sein du réseau pour travailler sur ces questions, et dont les recherches universitaires portent en partie sur ce sujet…  

La consultation d’un psychologue à l’étranger en ligne est-elle une bonne idée ? 

Pour les expatriés, oui, très. Pour plusieurs raisons.  

  • Le dispositif de thérapie en ligne permet une continuité dans les soins dans un contexte de vie marqué par des déplacements réguliers. Une personne qui était suivie en France, ou qui a commencé à consulter à l’étranger, et qui a besoin de poursuivre pourra le faire à distance et c’est une très bonne chose. 
  • Dans un contexte d’expatriation, l’éloignement d’avec le pays d’origine, peut engendrer un sentiment d’isolement et réactualiser des angoisses, un mal-être, voire des symptômes de dépression. Echanger avec un professionnel qui provient du même groupe d’appartenance primaire, dans sa langue maternelle, participe d’un sentiment de « familier » et de sécurité ressenti comme nécessaire. Ce lien va participer peu ou prou aux réaménagements induits par l’expatriation.  

Consultation psy en ligne ou en présentiel : y a-t-il des différences ? 

Des recherches récentes relatives à la télé-psychothérapie montrent que ce cadre de travail assure une certaine qualité de présence (Missonnier, Haddouk & Vlachopoulou, 2002). Les premiers signaux vont donc dans le sens positif. En effet, la relation d’écran à écran apparaît comme facilitant une expression d’une part authentique de soi. Dans un contexte d’expatriation, comme indiqué plus haut, le fait de consulter un thérapeute de la même culture d’origine, semble procurer une proximité, une présence et une sécurité, nécessaire à l’amorce de processus de changements profonds. 

Le thérapeute (et ce médecin de famille en expatriation le disait aussi en 2020) a « accès » en quelques sortes à l’espace intime de son patient, ce qui lui permet de saisir certaines problématiques rapidement. Le lieu d’habitation, le cadre, la qualité d’appel, de matériel, le temps accordé à la séance….sont autant de petits signaux qui donnent à connaître et permettront de mieux aider son patient. De nombreux travaux de recherches sont menés et restent à mener quant aux bénéfices et aux limites de la thérapie en ligne. Jusqu’à présent elles concordent sur le fait qu’un suivi en distanciel peut être pertinent pour les personnes expatriées, du moment qu’un certain cadre est respecté. 

Consultations psychologiques à distance : à quoi faut-il être attentif ? 

Depuis la pandémie, on constate une multiplication des professionnels de la santé mentale qui proposent un suivi « à distance » utilisant la téléconsultation. Pour que cette consultation puisse se faire dans les meilleures conditions possibles et qu’elle favorise les processus de changement attendus, il est conseillé de s’assurer, au préalable, de 3 éléments clés :  

  • La confidentialité de la consultation. En effet, le professionnel doit pouvoir vous garantir les mêmes conditions de confidentialité que si vous étiez en face à face. Il est interdit de conserver les données des patients (cadre RGPD) et d’enregistrer la séance sans consentement de la personne qui consulte.  
  • Pour vous patient, il est important de garantir un cadre de tranquillité et de liberté de parole. Le lieu de téléconsultation doit être protégé de bruits et il est conseillé de trouver des moments où votre parole pourra être libre.  
  • Une bonne connexion Internet est indispensable. C’est un pré-requis qui paraît évident, mais il est important de le souligner.  
  • Le professionnel doit aussi s’être assuré du cadre légal dans lequel il exerce, même en ligne. Evidemment, cela concerne aussi sa formation, dont la personne qui consulte doit pouvoir s’assurer en toute transparence. 

De mon côté, et c’est une pratique que nous partageons au sein du réseau Psy Expat, nous adaptons la séance au contexte de la téléconsultation. On ne « rentre » pas de la même façon en séance quand on est en ligne ou quand on est en présentiel. Même chose pour la fin de séance. Je prends le temps de ces SAS qui entourent la consultation. Quand vous êtes en présentiel, vous pouvez marcher, sortir, vous prenez quelques moments pour souffler après la séance. En visio, ce temps n’est pas toujours possible, alors nous y prenons garde.  

Téléconsulter en expatriation, oui. Toute sa vie, non ? 

En tant que membres du réseau Psy Expat, nous alertons aussi sur le fait que le sentiment de proximité procuré par l’utilisation de la téléconsultation ne doit pas faire oublier les réalités du patient (sa pathologie par exemple qui peut constituer une contre-indication, ou le risque suicidaire dans lequel il se trouve qui doit amener le professionnel à mettre en place un relais localement) et les réalités du contexte dans lequel il vit. Un psychologue doit s’assurer de l’état d’isolement réel du sujet consultant : a-t-il des amis, de la famille sur laquelle s’appuyer ? qui du réseau médical local ? Un psychologue spécialisé dans l’expatriation aura le réflexe de le faire, mais certains professionnels ne pensent pas à ces paramètres-là.  

Toutes les bonnes choses ont une fin…

Par ailleurs, si la téléconsultation présente de nombreux avantages pour les expatriés, elle ne nous doit pas faire oublier qu’une thérapie doit avoir une fin. Poursuivre quelques mois en ligne avec son praticien d’expatriation le temps de l’installation de retour en France (par exemple) a souvent du sens, mais il est recommandé ensuite, si le contexte a changé, de trouver un spécialiste en présentiel. Le risque que l’on pourrait entrevoir, c’est une consultation à distance qui s’éternise par confort.  

En effet, la thérapie en ligne peut vite glisser vers la procuration d’un seul étayage, d’un soutien, en soi profitable pour certains, mais pas suffisant pour de véritables changements. On peut craindre que la possible « évaporation » du cadre d’une thérapie classique (régularité des séances, paiement, communication entre les séances par whatsapp, etc) n’entraîne un enlisement de la relation patient/thérapeute.  

Le réseau Psy Expat a été créé en 2016 et rassemble de nombreux praticiens qui connaissent le contexte de l’expatriation. N’hésitez pas à consulter leur annuaire de professionnels. Pour faire le choix d’un praticien en présentiel près de chez vous ou en tous cas, un professionnel rompu à la pratique de la téléconsultation dans un contexte d’expatriation.  

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Merci à Ludmilla Foy-Sauvage, membre du réseau Psy Expat, basée à Bangkok, Psychologue clinicienne, Doctorante en psychologie clinique Université de Paris 8 (LPPC). 

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