Marine : (re) lancer sa carrière aux USA

Marine USA

Quand son conjoint lui annonce qu’il a accepté un nouveau job de chef pâtissier à Los Angeles, Marine vient de prendre la direction d’un hôtel, à 27 ans. Devant elle, des perspectives de gravir des échelons, de gagner en responsabilité au sein d’un grand groupe international. Devant elle aussi, une famille qui ne comprend pas ce choix. Pourtant aujourd’hui, elle ne regrette rien. Responsable commerciale en charge des grands comptes clients nationaux, elle gère un chiffre d’affaires à 6 zéros. Pour FemmExpat, elle revient pour nous sur ce parcours.

Tout démarre dans un petit village d’Alsace…

« Je viens d’une famille alsacienne très conservatrice et chrétienne. Nous habitons tous dans le même village, les parents, les oncles, les tantes, les grands-parents etc » A leur yeux, Marine, c’est la réussite « à la française » : des études, une carrière, un plan tout tracé. Il faut dire qu’à ce moment-là, Marine apprend qu’elle est la plus jeune sélectionnée de France dans un programme privilégié du groupe Accorhotels. Elle se souvient : « En effet, 6 mois plus tard on m’attribuerait la direction d’un hôtel. Un chemin tout tracé, une sécurité et ce que ma famille “attendait” de moi. » 

Un mari passionné des US

Je savais qu’il aspirait à partir vivre aux USA un jour. Passionné des vieilles bécanes américaines, qu’il collectionne, il répond un peu au hasard à une annonce sur Facebook. Un grand chef de Los Angeles recherche son chef pâtissier. Ce sera pour lui. Pour Marine, l’annonce à la famille est une étape qu’elle n’est pas prête d’oublier : « Un moment douloureux et des soutiens mitigés. C’est difficile d’expliquer ce à quoi l’on aspire quand cela est bien trop en dehors du “moule”. J’ai eu le sentiment de devoir convaincre certains membres de ma famille et de devoir demander que l’on me fasse confiance alors que nous même allions vers l’inconnu. » 

Un départ compliqué

Marine se souvient de son état d’esprit à l’époque : « Je me disais : ‘facile, tu parles l’anglais et tu as déjà une belle carrière chez AccorHotels, tu trouveras toi aussi un bon boulot’. J’avais bien tort. Il m’a d’abord fallu attendre 5 mois pour avoir mon autorisation de travail. Recommencer à 0 dans un pays à l’opposé du sien est un travail à plein temps. J’ai rapidement dû m’adapter et comprendre les codes de ce pays, observer et m’approprier les pratiques. » Pendant ces 5 mois d’attente, difficiles, Marine trépigne. Et finit par prendre le taureau par les cornes.   

Premier objectif : transformer mon CV français au format américain en attendant l’autorisation de travailler

« Il a d’abord fallu refaire mon CV, ici pas de photo de portait sur le CV. Un format très standard et différent de la France. Ici, on y liste les accomplissements de chaque poste et les grandes réussites.  Puis je me rends compte que LinkedIn est aussi un outil fondamental dans ma recherche d’emploi. Je m’y mets à fond : lister les bons mots clés, les compétences, ses accomplissements, avoir une introduction de qualité, etc. Mon plan était clair : au bout de ces 5 mois d’attente, je devrais être prête. J’en ai profité aussi pour me rapprocher de certaines institutions comme les chambres de commerce, ou les associations de français. C’est un bon moyen de faire des rencontres et comprendre le marché du travail. »

Et un premier constat : la nécessité de s’adapter au marché

Elle se souvient : « Au moment où ça arrive, on se sent un peu surmenée, le moment tant attendu est la, “je commence par quoi ?”. Les intitulés de poste sont en anglais et j’avais au préalable listé ce qui pouvait me correspondre. J’ai donc utilisé les moteurs de recherche d’emploi comme Indeed et LinkedIn. Mon CV déjà prêt, je n’avais plus qu’à faire mes recherches et postuler en 2-clic. Et j’ai fait cela chaque jour pendant plus de 15 jours. Peu de réponses, et peu d’entretiens ont résulté de cette première période de recherche. Je me rappelle avoir eu un entretien dans un hôtel 5* de Los Angeles, pour un poste de supervisor. Le poste était pour moi, mais j’avais cette impression de redescendre considérablement dans l’échelle hiérarchique. Et j’ai vite compris que j’étais en concurrence avec des candidats habitués à la culture, au système et à l’environnement.  »

Deuxième stratégie (gagnante !) : se démarquer

Le déclic est là. « C’est là que j’ai compris que j’avais une chance de me démarquer et peut être dans une autre industrie. Et pourquoi pas prouver que je suis douée dans un autre domaine que celui de mes études?  Je retourne derrière mon ordinateur et je regarde mes documents de candidature avec un œil différent. À ce moment-là, j’ai encore une fois refait mon CV et revu mon profil LinkedIn. Puis j’ai postulé, et j’ai utilisé des mots clés plutôt que des intitulés de postes dans mes recherches. Comme “French”.  »

Un premier job pour apprendre les fondamentaux…

« Et c’est là que j’ai découvert plusieurs offres cherchant des personnes bilingues anglais/francais. Très rapidement j’ai eu mon premier poste en tant que commercial pour une agence souhaitant vendre ses services auprès de clients francophones. J’étais loin de mon monde de l’hôtellerie, mais grâce à ce premier emploi j’ai appris tous les codes et fondamentaux du système américain, aujourd’hui 6 ans plus tard j’utilise quotidiennement les conseils reçus lors de cette première expérience.  » 

Un deuxième pour se spécialiser dans les stratégies de distribution…

Ses expériences suivantes, Marine les consacre à la relation client B2B et les stratégies de distribution. Elle travaille dans les secteurs agro-alimentaires, pharmaceutiques et industriels. Et ensuite ? 

Un troisième grâce à l’aide d’une agence de recrutement

« Je savais que si je souhaitais évoluer dans la bonne direction, il me fallait l’aide de professionnels dans le recrutement. Une agence a donc refait l’intégralité de mon CV et LinkedIn, afin de m’aider à décrocher de nouvelles opportunités. Mon poste actuel, je l’ai eu grâce à LinkedIn. C’est une agence de recrutement qui m’a contactée et notamment trouvée grâce aux mots clés utilisés. 

Aujourd’hui, Marine travaille pour une multinationale et est responsable commerciale en charge des grands comptes clients nationaux. Son rôle est de développer les opportunités aux USA mais aussi à l’international. Fini le secteur de l’hôtellerie et du service, la voilà dans l’industriel pur et dur… puisque son entreprise fabrique des compresseurs et des pompes à vide. 

Ouf ! Quel parcours… le mot de la fin de Marine :  

« Je regarde cette aventure avec beaucoup d’émotion, notamment de la fierté. C’est beaucoup de stress, de responsabilités mais c’est surtout un épanouissement exceptionnel. On gagne 20 ans d’expérience en peu de temps. Il faut avant tout faire preuve de beaucoup d’ouverture d’esprit, d’humilité et d’accepter de changer. Pas toujours facile quand nous venons de France. Mais je crois profondément que si on comprend cela, on ne peut que réussir. »

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