Virginie, expat solo au Kenya : la liberté en prime

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« Des FemmExpats seules, comme moi au Kenya ? j’en ai à ce jour rencontré aucune ! ». Est-ce que Virginie, expat solo au Kenya pour un groupe industriel spécialisé dans les télécoms (Sagemcom) se sent seule pour autant ? Et au boulot, en Afrique ? FemmExpat a assailli de questions cette jeune expat, non sans une certaine envie, il faut l’avouer…

Virginie, le départ de ton expat, c’est un VIE ?

Et peut-être même, mon Erasmus en Espagne quelques années avant… J’ai eu très envie d’international dès le début de ma carrière, de m’ouvrir aux autres cultures. J’ai donc postulé pour un VIE dans le domaine de la Qualité Santé Sécurité Environnement. Premier départ au Sénégal, pendant le Covid. Et puis le Kenya, où mon VIE a débouché sur un CDI en expatriation.

Une opportunité professionnelle avant tout ?

C’est évident ! En VIE déjà j’exerçais des responsabilités que je n’aurais jamais eu la chance d’avoir si j’étais restée en France. C’est encore plus le cas aujourd’hui, puisque j’ai un poste qui couvre plusieurs zones géographiques et surtout une équipe de 15 personnes. Je passe 80% de mon temps en déplacement, je découvre des nouvelles cultures, je dois tout le temps m’adapter au contexte local, j’ai perfectionné mon anglais. Ce boulot, c’est exactement ce que je recherchais…

La question qu’on se pose tous : une femme, seule, manager, en Afrique ?

Tout le monde me la pose en dehors de mon boulot. Mais au quotidien : absolument personne. Je suis formelle : je n’ai pas eu le sentiment de devoir faire mes preuves ou changer mon attitude suite à ma condition de femme. J’ai une équipe en majorité d’hommes, locaux et être un homme aurait peut-être été une difficulté. En réalité, j’évolue dans un milieu masculin depuis mon enfance étant anciennement sportive de haut niveau au tennis, de même pour le début de carrière, donc en France ou ailleurs… « Je suis une femme et alors » est totalement ancré en moi depuis longtemps.

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Mais tu comprends pourquoi on te pose la question. Te sens-tu plus fragile ?

Fragile, oui selon la situation des pays dans lesquels j’évolue. Cependant, je me sens soutenue.

Du point de vue sécurité, j’ai reçu une formation à mon départ et je dispose d’une appli SOS en cas de besoin. Ensuite, en Afrique, personne, ni homme, ni femme ne voyage vraiment seul. L’entreprise alloue un chauffeur à chaque déplacement pour ma sécurité, mes collègues sont prévenants et je loge dans des hôtels avec des standards élevés de sûreté/sécurité.

Mais ce n’est pas tout : je sens une énorme bienveillance autour de moi depuis que je suis ici. L’intégration via les rencontres est plutôt facile. En expatriation, la curiosité de l’autre prime sur les préjugés. En fait, je ne suis pas souvent seule, j’ai toujours quelqu’un qui sera curieux de ma présence, me posera des questions sur ma condition, s’intéressera à mon travail. Et de tous les milieux, expats, francophones ou non… 

Le fait de ne pas être en famille ne pose pas de problème à ton intégration ?

Alors il est clair qu’il y a des réseaux que je ne connais pas, parce que je sais qu’ils sont très orientés famille. Comme les réseaux francophones… mais en Afrique, vous avez de nombreux personnels d’ONG internationales, qui sont d’ailleurs souvent en solo aussi. J’adore : il y a des gens de partout, des parcours de vie extraordinaires, c’est d’une richesse incroyable !

Et peu de femmes expat solo du coup…

Dans le secteur privé : très peu !! J’ai débuté mon VIE avec une collègue de travail mais elle est rentrée en France depuis. Dans le secteur des ONG : un peu plus.

Les autres femmes que je rencontre sont des conjointes expat et il est compliqué pour elles de trouver un travail (permis de travail à obtenir notamment). Elles me posent beaucoup questions sur mon quotidien, ma carrière.

Et toi, tu les envies, ces expats en famille ?

C’est plutôt moi qui ai du mal à comprendre pourquoi on veut absolument vivre l’expat en famille (rires !). Bon, je n’ai pas encore 35 ans, peut être que ça viendra, mais non pour le moment je considère que je vis la plus belle expérience de ma vie.

Ma famille, ma mère en particulier, s’est beaucoup inquiétée suite à mon départ. Ils craignaient pour moi. Mais ma mère est venue me voir au Kenya, elle a découvert mon quotidien, et elle m’a senti totalement libre et épanouie. Elle a confirmé mes choix de vie et ça m’a beaucoup rassuré sur mon avenir.

Bon, mais en vrai Virginie, l’expat en solo, c’est si facile ?

La difficulté a été de trouver un logement, ça n’a pas été simple. Ni en VIE au Sénégal, ni ici au Kenya. Alors que se sentir chez soi à l’étranger est un élément très important, c’est votre seule source de confort. Moi j’ai galéré, j’aurais aimé être assistée.

En Afrique de l’Ouest, le fait d’être seule dans la rue est aussi source de stress. Je me fais assez souvent arrêter pour engager une discussion, me demander de l’argent…à la longue cela peut être pesant.

Ton secret pour une expat en solo réussie ?

Être ouvert d’esprit, ouvert aux autres, prendre ce qui vient sans opérer de jugement.

J’ai également la chance d’avoir un management en France, à l’écoute de mes besoins. Je me déplace quand c’est nécessaire et mon Directeur approuve à chaque moment. Il a également a compris que l’expatriation en solo en Afrique comportait beaucoup de challenges perso alors il m’incite à revenir lorsque nécessaire. C’est ce que je fais, à un rythme de 1 retour au siège tous les 3/4 mois. De plus professionnellement parlant, cela permet de faire avancer mes dossiers. En me rendant physiquement au siège, je suis beaucoup plus convaincante que si j’étais restée sur le terrain.

Ces retours en France sont comme des pauses

Oui, c’est ça. Travailler avec des équipes culturellement opposées peut parfois être épuisant. J’ai besoin de retrouver de temps en temps de la normalité professionnelle. Des réunions cadrées, le confort d’un siège parisien, le partage avec des collègues de même culture, entendre parler français.

Mais ce n’est pas que professionnel, du point de vue personnel, ces retours sont des bouffées d’oxygène pour moi. J’essaie de garder un maximum de contacts avec mes amis. Même si on ne va pas se mentir : c’est de plus en plus difficile de partager mon quotidien avec eux. Un décalage commence à s’opérer ce qui peut alimenter ce sentiment de solitude. Ils m’envient, mais sortir de sa zone de confort est un choix, une difficulté à surmonter mais qui est plus que bénéfique.

Un message pour une femme sur le point d’accepter un job en solo à l’étranger ?

Foncez, et surtout écoutez-vous. Votre épanouissement personnel et professionnel doit être une priorité. Si l’international vous tente, saisissez la moindre opportunité pour partir, parce que ce n’est que du positif. La solidarité en expatriation est sans doute la meilleure surprise que j’ai découverte et c’est une chance pour que nous les femmes, soyons plus nombreuses à l’étranger !

NDLR : Virginie aimerait savoir si une communauté ou un groupe de FemmExpats solo existait ? Pour échanger et partager des expériences. Si vous en avez la connaissance, n’hésitez pas à la contacter sur LinkedIn !

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