Petits rituels pour grands changements

rituels déménagement

Bientôt la saison des mutations, les départs, le fameux chassé-croisé des expats. Bref, bientôt les grands changements. Les serials expats vous le confirmeront : la mise en place de rituels pour sécuriser ce moment permet de traverser plus sereinement ce passage. Un constat confirmé par Sophie Gidrol, expat au Kenya et spécialiste de l’accompagnement au deuil des familles : « un déménagement est un passage, c’est comme la naissance et la mort, il y a un avant et un après, qui demande une préparation, et qu’il est important d’entourer de rituels. » Voici quelques idées de rituels que l’on peut mettre en place dans le cadre d’un déménagement… ou d’un autre événement !

Sacraliser l’annonce à la famille

C’est souvent ainsi que tout a commencé, ou que tout va (re) commencer… ce moment où l’on a réuni la famille, et que l’on avait à cœur de ne pas « louper ». L’important, c’est donner une information claire, imagée, simple à comprendre. Car c’est l’inconnu, qui fait peur, l’implicite, qui peut faire trauma. Sophie raconte : « chez nous, à chaque mut’, on fait une réunion dans le salon avec une bougie allumée. Lorsque les enfants étaient plus petits, on leur expliquait que papa avait bien travaillé et qu’il allait changer de classe, comme eux, et que de ce fait, toute la famille allait changer de maison et de pays ». Parler avec des mots clairs, facilement compréhensibles, et ne pas contourner la vérité est primordial. Nommé, le passage fait moins peur. Véronique sur le groupe Facebook FemmExpat raconte : « on faisait 1 liste de tout ce qui nous faisait « peur » ou qu’on avait envie de voir, ce qu’on voulait visiter, ce qu’on pensait qu’on allait aimer et ce qu’on pensait qu’on allait ne pas aimer. Et on récitait cette liste 6 mois après le déménagement et 1 an après. Pour comparer. »

Célébrer le départ : la Farewell party

La fête de départ est un indispensable et il est intéressant de la faire co-organiser par l’enfant, qui devient acteur de sa mutation. Pensez à anticiper son organisation et pourquoi pas, à vous faire aider : il existe des kits spéciaux disponibles sur le web.

Recueillir les souvenirs : l’album de photo collectif

Une belle idée est d’avoir un objet, un carnet, un album de photos de souvenirs, que l’enfant peut faire passer à ses amis. Ils ajoutent eux aussi leurs photos, leurs souvenirs.

Faire participer au déménagement : le carton qu’il déballera de lui-même

C’est un rituel de déménagement partagé par de nombreuses lectrices. On prévoit un carton qui est à remplir par l’enfant lui-même avec ses trésors du pays ou ses objets importants. Sophie Gidrol insiste : « il choisit la taille de son carton, le décore, puis, il est important de scotcher le carton avec un parent. » Un peu comme un rituel de passage, cette fermeture de carton c’est la preuve physique que l’on ferme une étape pour toujours, mais que l’objet s’ouvrira ailleurs. « Le but, rappelle Sophie, c’est qu’il le retrouve tel quel dans la chambre dans le nouveau pays, et mieux, c’est à l’enfant de le vider, de le ranger. L’important, le plus rassurant, c’est de savoir qu’ils le retrouveront intact. »

Dire au revoir à sa maison

Sophie explique : « on peut se mettre à même le sol, on peut se donner la main, souvent la maison est déjà vidée de ses cartons, et chacun raconte un souvenir, tout ce qui est arrivé dans cette maison. Cela permet de revenir sur des anecdotes, ces petites choses qui ont fait cette maison vivante. C’est une pause, qui n’a pas besoin d’être longue, et qui permet de dire MERCI, c’était chouette. Et le parent peut en profiter pour donner l’élan de la nouvelle page, le dynamisme du futur. »

Libérer la parole et accueillir les émotions

« Quand je sens que la journée a été lourde ou dense, je prépare un tour de table des émotions. Pour que chaque enfant se sente entendu dans sa tristesse, sa colère. Et puis, c’est l’occasion pour nous aussi de parler de nos émotions et pour eux, de voir qu’ils ne sont pas seuls à porter la peur ou la tristesse… » dit Sophie.
L’important c’est de montrer que les parents sont traversés par des émotions aussi, qu’ils ne « savent » pas mieux, mais vivent comme les enfants, avec la peur, le stress, l’excitation.

« Même si ce déménagement n’est pas vraiment nouveau pour vous, il est possible de dire ‘c’est le 1er déménagement avec 2 enfants’, ou ‘c’est la première fois que l’on va déménager sans nos meubles’. L’important c’est de se montrer humain, accessible. Que l’enfant sache qu’il puisse vous poser des questions. Et surtout, qu’il n’est pas la cause de vos propres émotions. »

Préparer son départ en pleine conscience

Anticiper le départ, c’est aussi sacraliser les petites « dernières fois avec eux », et dire ce que cela nous fait. On peut accompagner cela d’humour mais sans minimiser l’événement. « Eh bien elles ne vont pas nous manquer ces bosses sur la route de l’école… » Mais en fait, sans doute que si, un peu. Alors on en parle, même ce moment est important. C’est notre dernière fois au club de sport, notre dernière baignade… Sophie ajoute : « on peut profiter de ce moment pour dire : on sait tout ce qu’on laisse derrière nous mais qu’est-ce qui nous attend ensuite ? Y aura-t-il des bosses sur la route de la prochaine école ? Qu’est-ce que l’on perd ? Qu’est-ce que l’on gagne ? »

Marquer son départ sur les réseaux sociaux… un rituel aussi !

C’est un sujet sans doute délicat, car la tentation est grande de donner la possibilité à un adolescent de rester virtuellement dans un groupe. Mais Sophie alerte sur l’énergie dont l’ado devra disposer pour se faire de nouveaux amis. Cela ne veut pas dire couper de tous évidemment, mais quitter le groupe, oui.

Faire du déménagement un moment hors du temps, empreint de liberté et de jeu, de joie, de quelque chose d’exceptionnel

Sophie se rappelle : « A l’arrivée dans la nouvelle maison, tant qu’on n’a pas les meubles, on garde les cartons, et on joue, on laisse la liberté aux enfants de jouer, construire des cabanes ». Adélaïde sur le groupe Facebook raconte : « On avait aussi le rituel mac do comparer les prix, les tailles etc… ils connaissaient le prix dans plus de 10 pays🤣 » Et puis, pour les plus grands, certains parents profitent du déménagement pour verser une prime de déménagement sur leur compte. Un rituel aussi !

Ritualiser aussi l’arrivée dans la nouvelle destination

Vous êtes nombreuses à associer les enfants dans la déco de leur chambre, leur attribuer un budget qu’ils gèrent eux-mêmes, chez Ikea ou autre pour la décoration de leur chambre. Et puis, il y a aussi la découverte de la maison. Sophie témoigne : « à chaque nouvelle maison, nous faisions le tour en famille, tous ensemble, de chacune des pièces, en commentant, etc. Et bien sûr, on termine toujours avec un goûter très festif à même le sol ».

Des conseils de lecture

Pour les plus petits, accompagner ces moments de lectures est une aide efficace. « Un bisou c’est trop court » que l’on peut compléter par « mon meilleur ami du monde » de Carl Norac. Sophie a elle-même publié un très bel ouvrage/livret pédagogique « Saule ».

sophie gidrol soins palliatifs

Sophie Gidrol est Palliatothérapeute. FemmExpat lui a consacré un portrait en 2023 alors qu’elle habitait l’Ile Maurice. Aujourd’hui Sophie est en famille au Kenya, et poursuit ses accompagnements en ligne. Sur Palliato.fr, elle a mis en place des formations en ligne, complémentaires à ses consultations en ligne sur les impacts du deuil, qu’elle propose sur le site D’un temps à l’autre.

De l’importance des rituels dans la vie d’expat

« Tant pour la cohésion que pour le développement des jeunes, les rituels jouent un rôle plus essentiel encore dans le cas de la famille expatriée. Celle-ci, éloignée de sa culture d’origine, doit faire face à des turbulences plus marquées que la famille sédentaire. Les déménagements, les changements de cultures, les phases d’adaptation, les adieux à répétitions, l’instabilité inhérente à la vie d’expatrié…sont autant d’éléments qui peuvent malmener cette cellule familiale très nucléaire, uniquement composée des parents et des enfants. La mise en place de rituels familiaux contribue ainsi à l’équilibre de chacun de ses membres. (…) Les rituels familiaux, instaurent alors une forme de permanence dans cet environnement volatile. Même si tout bouge autour de nous, il existe ainsi des repères inamovibles qui développent un sentiment de sécurité, particulièrement chez les jeunes enfants. Dans le cas de l’expatriation, ils sont par nature récurrents ou bien répétés lors d’occasions spécifiques. Les enfants savent donc par avance comment va se passer tel ou tel événement et les situent mieux dans le temps. Ils sont communs à la famille et impliquent la notion tacite de solidarité entre ses membres. »

Cécile Gylbert, dans Les enfants expatriés, enfants de la Troisième Culture ».

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