Expat et peur en avion

Peur en avion

Dans l’imaginaire collectif, une FemmExpat est une voyageuse experte et zen. Qui connaît les moindres recoins des aéroports et des hubs du monde entier. Elle pourrait réciter dans 7 langues les annonces de vol. Oui c’est vrai, vous êtes nombreuses dans ce cas. Mais pour d’autres, le voyage est tout sauf un détail de l’expatriation. Pour celles qui ont peur de l’avion, le voyage est une épreuve physique et morale, une source de stress et un très mauvais moment à passer. Car oui, la peur en avion est vraiment handicapante. Comment faire pour vivre une expatriation en ayant peur de l’avion ? D’où vient ce stress aéronautique ? Que faire pour que les voyages se déroulent tout de même dans les meilleures conditions possibles ? Quelques pistes et témoignages…

Peur en avion : pas si rare !

Pour près de 20% des passagers, la perspective du décollage, de l’atterrissage, des trous d’air est une source d’angoisse. Ce chiffre, c’est le Centre Anti-Stress Air France qui l’avance. Cette structure vient en aide depuis plusieurs années déjà à tous ceux qui veulent apprivoiser leur peur de l’avion. Impossible de traiter du sujet sans en parler. Car pour ceux qui ont investi dans le stage (690€ pour un module de 7h30 basé à Roissy), les bénéfices sont très importants. Pour Nathalie, dont la peur s’est développée au cours de son enfance en expatriation :

« Il y a un avant et un après stage Air France. Avant, prendre l’avion était un supplice physique. Pour moi mais aussi pour les personnes qui m’accompagnaient, car je passais le voyage à leur écraser les bras. Le stage permet de véritablement « apprivoiser » sa peur. C’est d’ailleurs le nom du stage, et il est bien trouvé. »

C’est un stage complet, qui permet d’apprivoiser son stress

La première partie du stage est consacrée au stress, aux mécanismes des l’angoisse. On passe en revue ce qu’il se passe dans votre corps, et pourquoi. Suit la phase technique, qui permet de déconstruire les mythes et les mauvaises croyances que l’on se fait sur le pilotage d’un avion. Cette partie permet aussi de mieux comprendre les bruits et les sensations qui déclenchent souvent les peurs. Enfin bien sûr la session en simulateur est impressionnante.

Des petits groupes bienveillants, presque du sur-mesure !

Nathalie complète :

« Mais ce qui aide vraiment, c’est que vous vous sentez compris dans votre peur. Les personnes qui vous accompagnent (l’équipe est composée entre autres d’un psychologue) ne cherchent absolument pas à minimiser votre angoisse. Mais au contraire vous aident à y voir clair, à aller au bout de vos questions. Le groupe est petit (groupes de 3) ce qui permet de faire du cas par cas. On prend le temps d’écouter vos peurs, aussi ridicules qu’elles vous paraissent. Aujourd’hui, je ne vais pas dire que j’ai moins peur. Le voyage reste un très mauvais moment à passer pour moi. Mais je ne suis plus débordée par l’angoisse. Ce stage a été une réussite, je ne regrette vraiment pas l’investissement. »

Peur en avion : des déclencheurs, mais pas toujours…

Existe-t-il un portrait-robot du stressé en mal de l’air ? « Pas vraiment, lit-on dans Comment ne plus avoir peur de l’avion ? de Marie-Claude Dentan, chacun éprouve sa peur avec ses aspects particuliers qui s’enracinent dans son histoire ». Dans les témoignages que nous avons récoltés, deux expats racontent que c’est la proximité soudaine avec un accident d’avion qui a provoqué ce mal-être.
Fanny, expatriée au Mexique depuis 2020 raconte que pour elle, le déclencheur a été le crash Rio-Paris en 2009 dont elle a été particulièrement proche. 

« Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que la mort en avion était un événement violent, soudain et hors de contrôle. Quelques années plus tard (2013), j’ai lu le rapport sur le crash et ai compris que l’erreur pouvait être à la fois humaine et mécanique. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à vraiment avoir peur à chaque vol. »

Hélène, dont les parents habitent l’Australie, raconte également :

« Les deux grands-parents de mon copain sont décédés en 2008 dans un crash d’avion. Petit détail qui change la donne. »

Pour Hélène, en plus, il y a un avant et un après Covid.

« Soudainement la distance géographique qui nous séparait avec mes parents (partis en Australie en 2018) est devenue angoissante. La peur de ne plus jamais les revoir, aucun avion n’étant en mesure de nous relier. Ça n’était pas à cause de l’appareil en lui-même. Mais de mesures strictes mises en place : à mon sens l’avion n’était plus fiable. Inconsciemment, mon cerveau m’a joué un tour. Je ne voulais plus dépendre d’un avion et redoutais l’idée de lui refaire confiance puisqu’il pouvait me priver un jour de ma famille. »

Quand le voyage en avion se transforme en épreuve

Pour de nombreux expats, si la phobie est là, elle empêche rarement d’aller au bout de son projet d’expatriation.
Fanny témoigne :

« J’essaie le plus possible de ne pas laisser ma peur impacter mes choix de vie (vivre à l’étranger, rentrer pour des vacances, voyager pour les hobbies). Mais c’est très difficile pour moi de dépenser 1500 euros dans un billet d’avion pour rentrer en France. Surtout quand je sais que je vais me sentir très mal pendant au moins 14 heures de voyage ! Dire que cette phobie n’est pas bloquante est à la fois vrai et un mensonge. Je continue de beaucoup voyager. Mais ces deux dernières années, je trouve beaucoup d’excuses pour motiver ma famille à venir me voir au Mexique plutôt que d’essayer de rentrer en France! »

Le prix à payer ? Epuisement, mal être vraiment profond. Comme témoignent de nombreux expats, ou enfants d’expats : le voyage en avion reste une épreuve à surmonter. Fanny poursuit :

« C’est vraiment épuisant de voyager pour moi. Déjà que ça l’est pour tout le monde ces temps-ci, ajoutez-y du stress, des maux de ventre, de la fièvre, l’envie de pleurer (et oui je fais partie de ces gens qui symptomatisent). C’est vraiment dur, j’arrive toujours à destination très fatiguée, drainée mais en même temps, soulagée ! »

Quand l’anticipation est plus éprouvante

C’est le cas pour de nombreux stressés en avion, et cela a été le cas pour Hélène :

« Le mois dernier je suis partie voir mes parents en Australie. Trois semaines avant, j’ai commencé à faire des cauchemars. A regarder la cause des différents crashs, à m’intéresser à la fabrication des avions, jusqu’à suivre Airbus sur LinkedIn. Le jour du voyage, avant de claquer la porte de chez moi, je n’ai pas réussi à manger. J’ai pleuré plusieurs fois dans la journée et j’ai écrit mes mémoires sur un vieux carnet que j’ai laissé en évidence sur mon bureau. »

Apprivoiser ou dompter la peur en avion : les petits trucs des expats

On parle souvent de la résilience de l’expat. Pour celles qui sont stressées dans l’avion, c’est un peu cela qui se joue aussi. Vivre avec, dépasser ses peurs, les dompter. La peur de l’avion est une sensation tellement désagréable que vous êtes nombreuses à essayer de nouvelles formules, nous en partageons quelques-unes :

Hypnothérapie

Quelques semaines avant de rejoindre ses parents, Hélène a consulté une hypnothérapeute :

« Elle m’a aidé à comprendre comment fonctionne le cycle de la peur ainsi que différentes techniques pour gérer des situations de stress. »

Est-ce que cela l’a aidée ? Sans doute :

« Au moment de rentrer dans l’avion j’ai caressé l’appareil comme si ça allait lui donner des forces pour me porter, j’ai surveillé l’itinéraire sur le petit écran devant moi, histoire de pouvoir prévenir le pilote si la route de l’avion se rapprochait d’une frontière dangereuse… J’ai pris mon mal en patience et essayé de me rappeler de tous les paramètres que je pouvais maîtriser : mes 5 sens qui sont liés à la respiration, la musique, mais surtout le contrôle sur les images qui défilaient dans ma tête.
Le premier vol ne durait que 7h, et ce qui m’a le plus apaisé a été de voir un bébé rire, pleurer dans les bras de sa maman. Voir un tout petit qui ne se rend pas compte qu’il est dans une boite, enfermé à des kilomètres au-dessus du sol à une vitesse démesurée dans les bras de ses parents m’a calmé. D’un coup j’ai repris contrôle sur la situation, et je me suis concentrée sur cette image et sa signification. Je n’ai pas vu un seul film du voyage, j’ai juste eu l’image de ce petit bébé qui voyageait sans se soucier des probabilités de crash, et étrangement, ça a été ma solution.»

Les exercices de respiration et la sophrologie

Fanny explique de son côté :

« Ce qui fonctionne bien pour moi, c’est d’écouter des exercices de sophrologie sur mon téléphone pendant le décollage et l’atterrissage et avoir beaucoup de contenu (films/séries) déjà téléchargés sur mon téléphone pour pouvoir rester concentrée dessus. Enfin, quelque chose qui me rassure beaucoup : le capitaine/commandant de bord qui parle, nous explique régulièrement où nous en sommes. Rien de pire pour moi que de sentir l’avion qui ralentit et descend, sans que le pilote nous ait d’abord dit « ladies and gentleman, nous commençons notre descente » ! Avant, le stress se sentait même sur la route pour l’aéroport. Maintenant je commence à paniquer seulement lorsque les roues quittent le sol. J’appelle ça une victoire! »

Où trouver des exercices de relaxation pour l’avion ?

Vous pouvez chercher sur les plateformes d’écoute ou sur YouTube des exercices de sophrologie de type « ancrage » (avoir un geste qui nous ramène à des pensées positives où que l’on soit), ou « respiration en 4 temps ». Valérie Taton, sophrologue et ex-expat propose une séance sur son site.
Vous pouvez également écouter la séance de sophrologie que French Expat le Podcast a publié il y a quelques mois avec Karine Vallade.

Les petits cachets pour la peur en avion et autres…

Les petits cachets de type homéopathique ou phyto peuvent bien entendu aider aussi. Mais ayez à l’esprit qu’en état de stress, votre corps se mettra en position de défense absolue et les plantes n’y feront rien.
Beaucoup de voyageurs réguliers optent pour des solutions plus corsées, de type anxiolytique ou calmant. Ils aident, souvent. Mais gare au retour de manivelle. Nathalie se souvient :

« Pour rentrer de Martinique, je me suis promise de dormir et de ne pas avoir peur. J’ai donc pris un petit verre, pris un ½ cachet d’une formule et, comme c’était la nuit et que j’avais bien l’intention de dormir, j’ai pris un ½ cachet d’une autre formule. Et bien j’ai d’abord été malade dans l’avion et ensuite, oui, j’ai dormi… mais jusqu’au lendemain 22h. L’arrivée à l’aéroport a été épique, j’en garde un souvenir effroyable. Plus jamais ça ! »

Le mot de la fin ?

Hélène :

« Alors, j’ai un seul conseil pour toutes celles et ceux qui doivent prendre l’avion pour rejoindre leur famille ou amis cet été, faites-vous confiance, faites confiance à l’avion et surtout trouvez quelque chose pour vous raccrocher à la réalité, au rationnel, un bijou de grand-mère, des chaussettes fétiches, quelque chose d’unique qui vous apaisera le jour J. Et sinon faites comme moi, regardez les enfants autour de vous, ils vivent leur vie dans un avion comme ils le font dans leur salon, cette insouciance est contagieuse ! Courage ! »

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