5 points à clarifier avec votre RH avant votre départ en expatriation

risques expatriation

Quels sont les points à valider pour limiter les risques d’une expatriation qui se passe mal ? Voici un retour sur expérience bien utile à lire avant un départ à l’étranger.

Tout s’annonçait pour le mieux pour Marc et Sabrina. Un poste de responsable Europe du Sud pour Sabrina et Lisbonne pour trois ans ! L’expatriation de rêve. Les enfants à l’école internationale. En trois mois, tout était bouclé, l’occasion était trop belle. Un an plus tard, le mirage s’est dissipé. Le poste n’était pas du tout celui qui avait été décrit et visiblement, le profil de Sabrina n’est pas non plus celui qu’attendait le directeur de la filiale portugaise. Un retour prématuré signe la fin de l’aventure. Crise professionnelle, de couple, familiale.

Comment éviter ce type de situation ?

1- Clarifier le projet professionnel

Comme une majorité d’expatriés, Sabrina est partie dans le cadre d’une organisation matricielle. Un chef hiérarchique et plusieurs boss fonctionnels. Sa fiche de poste, ou « job desc » dans son jargon, a été rédigée par son chef, après négociation avec les différents services impliqués dans le projet. Sabrina a pris cette mission pour argent comptant. Or quand elle est arrivée, elle s’est heurtée à une indifférence généralisée. Il lui a fallu six mois pour comprendre que son boss local ne l’entendait pas du tout de cette oreille et que son poste reposait sur un certain malentendu et beaucoup de mauvaise foi.

Retour d’expérience :

👉Avant d’accepter la mission, rencontrer ou au moins appeler tous ses futurs patrons et clients internes et valider avec eux le contenu de la mission, les objectifs, les moyens et le type de reporting attendu. Finalement, il vaut mieux prendre le temps de clarifier les tenants et aboutissants du poste avant le départ, cela permettra à tous de savoir pourquoi vous êtes là plutôt que de ne pas être accueilli du tout. Pourquoi pas aussi organiser un voyage en amont pour rencontrer l’équipe locale et se présenter ?

2- Valider ses appuis

Quand Sabrina s’est retrouvée en difficulté, elle a appelé son ancien boss à la rescousse, celui qui l’avait choisie, imposée à la filiale et qui avait conçu la magnifique mission si peu consensuelle que Sabrina avait dû mettre en œuvre. Et c’est là finalement que le projet a sombré : ce personnage pivot du projet avait quitté l’entreprise, emportant avec lui l’historique et la vision de la mission. Sans soutien politique, la position de Sabrina était intenable.

Retour d’expérience :

👉Le départ du garant du projet est un grand classique des expatriations catastrophes. Pour s’en prémunir, il est utile de se trouver un ou plusieurs mentor savant de partir ; une personne à la fois reconnue et peu exposée qui pourra vous tenir au courant de ce qui se passe au siège, vous soutenir politiquement et vous conseiller en cas de difficulté. Cultivez votre réseau interne pendant cette période, il pourra vous être bien utile. 

3 – Impliquer toutes les cordes RH

Le départ s’étant déroulé de façon précipitée, Sabrina s’est peu investie auprès des RH. Elle a négocié son contrat comme elle l’a pu avec l’équipe Com&Ben et s’est concentrée sur sa mission et l’installation de la famille.

Retour d’expérience :

👉Quatre niveaux RH sont normalement impliqués dans le départ, mais comme les cas particuliers sont souvent chahutés, il est préférable de valider soi-même que chaque case est cochée.

  • L’équipe mobilité internationale, rattachée en général au Comp&Ben (admistration RH) met au point le contrat et les conditions d’expatriations.
  • Les RH de l’unité accueillante appliquent ce contrat.
  • Il faut aussi s’assurer que les RH de l’unité cédante gardent un dossier clair où les dispositions concernant le retour sont écrites et enregistrées.
  • Il est utile aussi de rencontrer les équipes talents (ou développement RH). En cas de problème, ce sont les seules qui pourront s’occuper de vous en tant que personne potentiellement utile pour l’entreprise.

4 – Intégrer la famille

Trois ans à Lisbonne, c’est indiscutablement une chance ! Et donc, il est inutile d’approfondir le sujet. Marc a suivi avec les enfants, avec enthousiasme et aussi des inquiétudes, mais sans projet le concernant. Une fois sur place, il a pris quelques mois à recalibrer sa vie en fonction de la réalité locale qui s’est révélée très différente de ses attentes. Avec du temps, il aurait pu sans doute tirer son épingle du jeu. Mais confronté dès le départ aux difficultés de Sabrina, il ne s’est pas investi et finalement n’a été que trop heureux de rentrer dès que cela a été possible.

Retour d’expérience :

👉Trop d’expatriations échouent parce que le conjoint ne trouve pas sa place dans l’aventure. Il est important de réfléchir bien en amont à la place et au rôle de chacun. La décision de partir se fait à deux. Il s’agit d’éviter la fameuse phrase : « c’est pour toi qu’on est parti ». Une préparation spécifique pour le conjoint l’aide à mieux s’intégrer dans le projet commun d’expatriation. Une communication de couple intense est également indispensable dans ces périodes où toutes les cartes de la famille sont rebattues. Ce travail en commun permet de mettre en lumière les différentes motivations, d’aider le conjoint à construire son projet professionnel sur place et, le cas échéant, d’envisager des options en cas de retour prématuré.

5 – Se préparer en profondeur

Le mouvement a été très rapide, Sabrina a débarqué sans avoir eu le temps d’apprendre le portugais. Elle avait été briefée par le siège sur l’état inquiétant de la filiale et l’urgence des changements à mettre en œuvre. Elle a cherché à s’imposer dès le début. En trois jours, elle était considérée comme l’œil de Moscou et toute l’équipe locale se méfiait d’elle…

Retour d’expérience :

👉Dans le maelström du départ, tous les instants gagnés pour apprendre la langue locale et pour mieux comprendre la culture permettront d’avancer ensuite de façon plus efficace. Identifier la complexité des enjeux interculturels permet de devenir prudent et encourage à observer avant d’agir. Ce qui finalement, à l’étranger, fait souvent gagner du temps.

Même si les délais avant le départ sont courts, il est important de prendre le temps du recul une fois sur place : observer, connaître et se faire connaitre. Éviter d’arriver et de s’imposer sans une période d’adaptation. Une saine posture d’humilité, et vous verrez très vite que ceux qui vous reçoivent ont aussi des choses à vous apprendre.

Bouton abonnement NL FXP
Alix Carnot

Propos recueillis par Alix Carnot – Merci à Delphine Renard pour sa relecture et mise à jour (été 2023)

Directrice Associée chez Expat Communication et auteur de « Chéri(e) on s’expatrie : guide de survie à l’usage des couples aventuriers ».

FemmExpat vous conseille également :

Recherche d’emploi en expatriation : 8 idées reçues

Lost in translation – Quand l’expatriation coupe les ailes des « brave, brave girls »

Autres articles dans la catégorie

  • Echangez avec d’autres expats !

  • Nos conférences en ligne

  • Podcast

  • Agenda

  • Rejoignez-nous sur Instagram !

  • Le guide de la carrière internationale

    Piloter sa carrière à l'international : le guide à destination des expatriés, des chercheurs d'emploi et des entrepreneurs !

    Qu'apprend-on en expatriation ?

    Avec l’expatriation, comment change notre regard sur notre pays d’origine ?

    Et notre perception de la santé, de l’éducation, ou notre rapport au travail ?

    Et puis…

    Comment se forme-t-on ? Dans quels domaines ? Que transmet-on ?