Apprendre au XXIème siècle : une aventure au long court à la Mission laïque française

apprendre-au-xxieme-siecle-une-aventure-au-long-court-a-la-mission-laique-francaiseD’où vient le succès aujourd’hui des écoles de la Mission laïque française (Mlf) dans le monde? De sa longue histoire ? Certainement. De ses propositions pédagogiques innovantes ? Sans doute. De son ouverture au monde avec une ambition linguistique sans égal ? Assurément !

Michel Bur, directeur général adjoint de la Mlf, responsable du service pédagogique nous confie ici son expertise sur cette association vieille de plus d’un siècle et sur la révolution des savoirs en cours dans nos écoles.

Un entretien passionnant qui va surprendre par sa liberté de ton, l’exactitude de ses diagnostics et la modernité de ses ambitions.

 

 

 

La MLF, réinvente l’école française à l’étranger 

Quel est selon vous l’ « ADN » des écoles de la Mlf ?

La Mission suit les programmes de l’Education nationale dans les 109 établissements d’enseignements français à l’étranger scolarisant plus de 60 000 élèves cela dans 38 pays (*). Pour autant, elle affirme une identité propre que l’on retrouve dans un projet pédagogique décliné en objectifs et structuré autour de trois axes clairs.

Ses objectifs sont les suivants : 

  • S’exprimer : une éducation française multilingue et internationale
  • Devenir citoyen : mise en œuvre d’une véritable éducation à la citoyenneté
  • Construire son autonomie : faire en sorte que les élèves soient les acteurs de leurs apprentissages

Nous recherchons ainsi au sein de nos établissements pour notre pédagogie une logique plus pragmatique en donnant à l’élève une capacité d’expression en langue française, mais aussi dans les autres langues.

Désormais, portées par une logique de fidélité plutôt que celle de conformité avec les programmes français, nos écoles ouvertes aux pays d’accueil, innovent tant dans leur pédagogie que sur des terrains d’opération nouveaux. Elles montrent aujourd’hui, plus d’un siècle après leur création, un dynamisme sans pareil dans le partage des compétences entre enseignants français et locaux, équipes administratives, chefs d’établissements et équipe dirigeante au siège à Paris.

La diversité culturelle que connaissent nos écoles nous commande également et surtout de travailler le vivre ensemble et le faire ensemble… Cette dimension militante d’engagement initiée dès la création de la Mission fait de nos établissement des outils de coopération uniques aujourd’hui et cela dans le monde entier.

(*) Elle mène également 19 actions de coopération éducative dans 9 pays.

 

La Mlf propose aujourd’hui au sein de ses établissements scolaires un parcours commun de compétences. Le parcours scolaire est-il pour vous une notion dépassée ?

Que veut-on pour les élèves que l’on accueille dans nos écoles si variées à l’étranger ? Qu’il s’agisse d’une école d’entreprise financée par une entreprise française accueillant nos expatriés, ou d’un grand établissement de 3500 élèves dans une métropole ou encore d’une école isolée dans le fin fond du Kurdistan d’Irak ? Quel lien in fine unit toutes ces écoles ou encore ces propositions éducatives ?

Ce lien sur lequel nous travaillons, c’est précisément ce parcours commun que nous devons proposer à tous les élèves qui sont majoritairement des élèves nationaux. Les familles font, par conséquent, confiance à un enseignement étranger ce qui n’est pas forcément facile.

La finalité pour nos élèves n’est pas l’examen mais leur parcours d’études, qui, à l’issue de leurs années de scolarité française, leur permettra de prendre toutes les options possibles pour la suite de leurs études dans le supérieur, soit dans le système français au retour en France par exemple pour les expatriés, soit dans le système local ou international. C’est ici finalement prendre le pari que l’éducation française ouvre à l’ensemble des parcours dans le monde.

 

La Mlf se caractérise par son immersion dans le tissu local, mais jusqu’où ?

Par vocation, nous sommes présents dans de nombreux pays, confrontés à des système nationaux et internationaux. Par-là, nous enrichissons notre propre réflexion éducative par les avancées qui existent aussi dans ces pays. De fait, nos écoles sont innovantes, iconoclastes et surtout en lien avec le tissu local sur lequel elles s’adossent.

On peut ici citer :

  • les établissements scolaires en pleine responsabilité :  établissement avec une vrai logique de coopération parfois avec des mandats de gestion ;
  • des écoles d’entreprises ;
  • les actions de coopération éducative de la Mlf pour des établissements locaux non basés sur le programme français (ex : le lycée Eiffel en Angola où le groupe Total a financé le projet avec deux coopérants de la Mlf dans l’aide à la gouvernance) ;
  • les actions de coopération avec des établissements scolaires qui ont un programme se rapprochant du programme français avec un pourcentage de matières dispensées en langue française. C’est le cas d’action de coopération avec des écoles francophones au Québec, au Liban, en Afrique francophone.

Pierre Deschamps fondateur de la Mlf en 1907 était un précurseur formidablement moderne, car il a pensé et créé un modèle d’école française à Madagascar qui tenait compte de la réalité culturelle sociétale linguistique là où elle s’est implantée. C’est la notion de « deux cultures-trois langues » et l’ouverture à l’autre que l’on prône aujourd’hui pour l’école du XXIème siècle.

Apprendre en langue n’est pas une caractéristique de nos enseignements en France. Pourtant cet apprentissage est omniprésent dans toutes nos écoles et il est prévu pour tout le cursus dès la maternelle. C’est en somme ici autoriser nos élèves à penser et apprendre autrement en plusieurs langues.

 

Comment concilier le programme français et la prise en compte des spécificités locales dans l’apprentissage ?

Nous sommes dans une logique de coopération entre notre système d’apprentissage et les pays où nous intervenons. 1/3 de nos enseignants sont titulaires de l’Education nationale. Nous devons donc apprendre à travailler avec des enseignants nationaux, mais également comprendre quelles sont les attentes des familles et leurs motivations pour faire le choix de notre enseignement.

Comprendre aussi finalement quelles seront les passerelles éventuellement disponibles entre les deux enseignements. Nos professeurs travaillent donc ensemble dans une logique de coopération et d’adhésion avec le pays d’accueil. Finalement, nous proposons ainsi un enseignement étranger dans les pays où nous intervenons.

 

Bien grandir, faire confiance, se donner le temps du choix, autant de propositions de la Mlf. Aujourd’hui vous allez encore plus loin avec la diversité des parcours au sein même des écoles Mlf. Qu’en est-il ?

Nous avons subi en Amérique du nord, il y a quelques années, une fuite d’élèves à partir du niveau de la 4ème en direction des cursus internationaux. Pour y faire face, nous proposons aujourd’hui aux élèves à la sortie de la 4ème soit de poursuivre la scolarité française soit, d’intégrer une scolarité internationale (IB) désormais proposée dans certains établissements. Il est également possible pour l’élève de déterminer son choix en seconde en optant soit pour le IB soit pour un Bac français à option international (OIB).

C’est pour nous ici un gage de bon sens, de coopération afin de mieux appréhender la spécificité des élèves, la coopération avec des systèmes scolaires différents en mettant les élèves au cœur du processus d’apprentissage, chose que l’on ne sait pas toujours faire dans notre propre système en France.

Ainsi, nous sommes aujourd’hui conventionnés avec le baccalauréat international (BI) depuis 2 ans. Cette convention a permis de mettre en place un diplôme qui fait également la part belle au français. Cette formation BI est à titre expérimental proposée aujourd’hui dans nos établissements situés dans la zone Amérique-du-Nord à Dallas, Los Angeles, Toronto et Houston.

Il est indispensable aujourd’hui de proposer à nos élèves une diversité de parcours. Surtout, nous avons la capacité au sein de l’association de prendre des initiatives en termes de choix d’orientation au sein de nos établissements tout en restant fidèle à l’Education nationale française.

 

Sabine Cros-Scherer

 

Contact

Réseau Mlf : www.mlfmonde.org

Contact et informations : ecoles.entreprises@mlfmonde.org

Siège de la Mission laïque française : 9 rue Humblot, 75015 Paris.

Tel : +33(0)1 45 78 61 71 –accueil.mlf@mlfmonde.org

 

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