Ma « douce » France : entre amour et rejet – Témoignage d’une ado de retour d’expat’

Ma-douce-france-amour-rejet-lettre-ouverte-d-une-ado-de-retour-en-francePas évident ce retour en France pour les adolescents… Après six ans à voir la vie en rose à New York, Quiterie a mal vécu le retour dans l’Hexagone. Dans un précédent article, elle se confiait sur cette transition difficile. Et aujourd’hui, quatre ans après ce retour, comment s’est-elle réhabituée à la vie en France ? 

Entre amour et rejet, Quiterie fait son bilan : elle revient sur ce qu’elle retire de son expérience, sur ses racines, son sentiment d’appartenance et… aussi sur ce qui l’agace !

 

Pour moi, la France, c’était nul, un point c’est tout

Cela fait maintenant quatre ans que je suis rentrée de New York où j’ai été expatriée durant six ans. Si on m’avait demandé un an après mon retour si j’aimais la France, ma réponse aurait été claire et nette : “bien sûr que non” !!

Avec le recul, je relativise beaucoup plus. Je me rends compte que mon caractère obstiné a beaucoup joué.

Pour moi, la France, c’était nul, un point c’est tout. Et je m’en persuadais ainsi, ne laissant à aucun moment mon opinion évoluer.

L’éducation française a sans doute joué un grand rôle dans cette conviction également.

 

L’année de ma 4e, ma première année en France depuis New York, a été pour moi un réel cauchemar

Mais après plusieurs discussions, je me suis rendue compte que c’était le cas pour beaucoup d’élèves. Donc peut-être, après tout, que la 4e était juste un mauvais passage pour tout le monde, et que je devais dissocier cette mauvaise aventure de ce qu’était la France en soi.

Et puis au fur et à mesure que les années avançaient, l’école devenait pour moi de moins en moins traumatisante.

Est-ce parce que je me suis habituée au système éducatif français ? Ou parce que les ados évoluent au fil des années, rendant les classes plus sympathiques ? Ou encore, est-ce parce que moi, je suis sortie de cette espèce de phase de “la France, c’est nul.” ?

Aujourd’hui, ces questions demeurent toujours entières.

Mais ce que je sais, c’est que non seulement sur le plan éducatif je vais beaucoup mieux, mais qu’en plus, j’ai appris à dissocier la France, de l’école.

 

Je me sens toujours « multiculturelle » mais j’ai perdu l’habitude de me sentir totalement étrangère à ce pays

Donc si on se penche maintenant sur ce pays, qui est maintenant devenu le mien, qu’en est-il de mon identité ?

Je me sens toujours “multiculturelle”, peut être un peu moins qu’avant. Mais je crois que le changement demeure dans mon appartenance à la France. Installée depuis 4 ans ici, je pense que je me sens beaucoup plus française. J’ai perdu l’habitude de me sentir totalement étrangère à ce pays.

 

Cependant, j’ai encore un peu de mal à accepter d’être l’objet des stéréotypes

Je m’explique : cette année, mes parents ont embauché une jeune fille au pair canadienne, très curieuse et qui aimait beaucoup comparer les deux cultures.

Eh bien j’avais beaucoup de mal à garder mon sang-froid lorsqu’elle associait ma façon de vivre à celle d’un Français typique.

Contrairement à toute personne fière de sa nationalité, j’accepte très peu les critiques qui commencent par “you French people always […]”. Cela me met hors de moi. Je ne suis donc pas encore une vraie Française fière de l’être, mais peut-être que ça viendra avec le temps…  Qui sait ?

 

Les débuts n’ont pas été simples mais on ré-apprend à découvrir les gens

Évidemment, aujourd’hui je me suis fait beaucoup d’amis, donc ce n’est pas quelque chose à craindre en revenant d’expat.

Certes, les débuts n’ont pas toujours été faciles, mais rencontrer des gens qui reviennent d’expat aussi, ça aide beaucoup. Donc à mon arrivée, oui, je suis beaucoup restée avec ceux qui étaient dans le même cas que moi, et notamment avec ceux qui faisaient partie de la section anglophone.

Mais petit à petit, on apprend à découvrir les gens, à s’ouvrir, et on oublie un peu cette différence.

Maintenant, j’ai aussi bien des amis qui reviennent de Houston, New York, Tokyo, Singapour, Jakarta (et j’en passe), que des amis 100% français.

 

Mon bilan de cette comparaison France / étranger  ?

Ce qui me manque encore…

… sans doute cette espèce d’aventure quotidienne qu’on vit en famille lorsqu’on est expatrié.

 

Ce qui me surprend toujours…

… cette chronologie un peu surprenante et compliquée à expliquer.

 

J’ai l’impression, encore aujourd’hui, que mes six ans d’expatriation ont eu lieu comme dans un autre monde, une autre vie. C’est une période que j’ai du mal à associer et à relier à ma vie actuelle.

En effet, dès mon retour, je me suis installée dans le même quartier que celui dans lequel je vivais petite. Et puis je suis allée dans le collège associé à mon école primaire d’avant. Ainsi, j’ai retrouvé beaucoup de visages qui m’étaient familiers, mais c’était très déstabilisant car techniquement, je ne les connaissais pas, alors que beaucoup avaient été mes amis six ans auparavant…

Aujourd’hui, je me rends compte que certains de mes amis actuels étaient dans ma classe en primaire, et je retrouve même des photos. Donc d’un côté j’ai l’impression de les avoir toujours connus, et de l’autre je me rappelle que je les ai rencontrés seulement à mon retour d’expat.

 

Et puis plus le temps avance, plus j’ai l’impression que cette vie à New York était une bulle, une parenthèse dans ma vie, un arrêt sur image. On dirait presque que le temps s’est arrêté pendant que je vivais dans cet autre monde.

 

Ce qui m’attriste un peu…

… c’est de voir qu’alors que j’ai l’impression de revenir là où j’avais laissé Paris en partant, comme un film mis sur pause, mon entourage parisien, lui, a continué de vivre.

Je m’explique : retrouver des têtes connues, comme je le disais, peut être amusant mais peut tout aussi bien l’être beaucoup moins. Il m’est arrivé de retrouver des amies d’enfance avec joie, pour ensuite me rendre compte que j’avais été totalement oubliée. Mais bon, après la douche froide, on peut vite s’en remettre.

Donc en gros, les premières années, quand on rentre d’expat, peuvent être un peu dures, mais très vite on s’y habitue, on refait notre nid, et c’est le séjour passé en expatriation qui devient un peu flou et lointain.

En ce qui me concerne, tout est finalement bien qui finit bien… 🙂 Et je vous souhaite le même « happy end » !

Quiterie

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