Vous efforcez-vous d’être la meilleure dans tout ce que vous faites ? Considérez-vous toute erreur comme un échec personnel ? Cherchez-vous toutes les occasions de mériter les éloges des personnes qui vous sont chères ? Avez-vous décidé qu’en expatriation, vous alliez compenser votre éventuel manque d’activité par une surdose de perfectionnisme ? Être perfectionniste peut être un trait de caractère positif et constitue la base de la persévérance et du travail acharné. Mais attention ! le perfectionnisme aigu peut aussi avoir un impact négatif sur votre carrière et votre vie. On dit souvent d’ailleurs : le mieux est l’ennemi du bien… Surtout si vous êtes à l’étranger, confrontée à d’autres cultures du perfectionnisme. Eclairages, avec Chantal Bishop-Corre, Expat Coach chez Expat Communication.
Pourquoi être perfectionniste peut être un frein…
Le premier risque, c’est de s’exposer à un état d’anxiété et d’insatisfaction. Se fixer des attentes extrêmement élevées est une constante qui peut affecter l’estime de soi et la santé mentale. La perfection étant fondamentalement impossible à atteindre, vous voilà dans la frustration, voire dans l’incapacité à trouver votre équilibre mental.
Mais ce n’est pas tout. En étant trop perfectionniste, vous vous empêcherez aussi d’aller vers la nouveauté. S’il y a un risque de ne pas réussir, la perfectionniste aigue que vous êtes peut refuser d’essayer de nouvelles choses par peur de l’échec ou de la défaite.
Le perfectionnisme dans le monde
En expatriation, le risque de frustration lié à un perfectionnisme aigu augmente selon la culture dans laquelle vous évoluez… En effet, de plus d’études montrent que le degré de perfectionnisme attendu peut varier selon la culture du pays (source Gapsmoov). Observons cela de plus près.
En Allemagne, en Suède, perfectionnisme veut dire « Je considère que la qualité consiste à améliorer constamment ce qui existe ».
Au Brésil ou en France, en revanche, perfectionnisme se rapproche plus du concept d’inventivité. « j’estime que la qualité consiste à être innovant, même s’il y a des défauts de jeunesse ».
Aux USA, ou aux Pays-Bas, la notion de perfectionnisme va rencontrer celle de conservatisme : « Je me demande pourquoi il faudrait changer quelque chose qui fonctionne déjà de manière éprouvée » (si ce n’est pas cassé, ne le réparez pas).
Enfin, dans des pays comme le Maroc, l’Egypte, le Ghana et l’Inde, on répondra au perfectionniste : « je ne vois pas pourquoi je devrais faire mieux si cela ne fonctionne déjà pas trop mal ».
Ces différences culturelles signifient que les erreurs peuvent être perçues différemment selon les pays. L’Allemagne et la France, qui ont tendance à être plus perfectionnistes dans leur approche, considèrent les erreurs de manière assez sévère et l’attention portée aux détails est importante. Pour les États-Unis et les Pays-Bas, qui ont tendance à être moins préoccupés par le perfectionnisme, le souci du détail n’est pas un facteur déterminant.
Comment contrôler le perfectionnisme dans le contexte professionnel ?
Tout d’abord, et on vient de le voir, dans un contexte multiculturel, essayez de déterminer le niveau de perfection attendu par les autres membres de l’équipe et les responsables. Il est possible que leur niveau ne soit pas le même que le vôtre.
D’une manière générale, lorsque vous démarrez un projet, parlez à vos supérieurs pour comprendre ce que l’on attend réellement de vous, plutôt que de fixer vos propres attentes. N’oubliez pas de demander un retour d’information régulier, car vous aurez peut-être terminé plus tôt que vous ne le pensiez !
N’oubliez pas de vous féliciter pour les tâches accomplies et de prendre note du degré de perfectionnisme atteint.
Et côté perso alors ?
Vous l’avez compris, une personne perfectionniste prend le risque de s’épuiser mentalement, physiquement. Pourtant, les perfectionnistes ont souvent l’impression de faire du bon travail et mettent leur niveau d’exigence sur le même plan que la rigueur… Oui, sauf que la rigueur, elle, est moins nocive. Alors quelques pistes aussi à explorer de ce côté :
- Dosez vos efforts, surtout en expatriation. Ajustez vos efforts en fonction du contexte, surtout interculturel. Lisez aussi nos articles sur la gestion de la ponctualité dans le monde.
- Acceptez-vous comme vous êtes. Aye, on touche là à un autre sujet sérieux : l’estime de soi. En bref, ayez en tête qu’il ne faut pas viser la voisine, la collègue, la copine mais ce que nous voulons faire de ce que nous avons. On fait ce qu’on peut avec ce que l’on a. Cette phrase n’a rien de péjoratif, bien au contraire, elle autorise à l’erreur, aux ratés. Et surtout , elle permet de ne pas rester figée sur « ah si j’avais plus de si ou moins de ça, je serais plus heureuse ».
- Ayez un regard bienveillant sur vous : quand une perfectionniste s’autorise une auto critique, elle refusera de voir ce qui marche déjà bien. Le verre à moitié vide, en somme. Ne vous auto-sabotez pas, au risque de plonger dans une spirale de pensées négatives.
En conclusion, oui à la proactivité, à la capacité à innover, à s’adapter, à coopérer avec les autres… mais non à la « barre trop haute ». A moins que le moteur culturel ne tende vers la perfection, et même dans ce cas, vous pouvez peut-être être une force positive pour démontrer que « mieux vaut fait que parfait ».
Un article de Chantal Bishop-Corre, membre de la Coach Academy d’Expat Communication
Chantal Bishop – Corre
Coach certifiée par l’Ecole Française du Coaching MHD, affiliée à l’EMCC. Forte d’un parcours de plus de 20 ans au sein d’entreprises internationales travaillant étroitement avec les équipes EMEA et Nord-Américaines, Chantal partage son expérience en accompagnant les expatriés et leurs conjoints dans toutes les étapes de leur parcours professionnel pour les aider à atteindre leurs objectifs.
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