Difficultés culturelles : l’incompréhensible solitude de l’iceberg

differences-culturels« Nous devons nous rendre à l’évidence, nous sommes rarement invités en retour. » Voilà trois jours que je me délecte à la lecture de « La grenouille dans le billabong » de Marie-Paule Leroux. Un livre retrouvé dans la bibliothèque du bureau, écrit en 2004 par une pionnière de l’expatriation qui raconte sa lente intégration en Tasmanie, à l’âge de pierre, avant internet. Rare Française en Tasmanie, l’auteure met des mots très justes sur ce phénomène déroutant que rencontrent tant d’entre nous dans leur volonté sincère d’intégration. Et moi, je suis émue car ma première expatriation a eu lieu en Australie, et les aventures de la grenouille me replonge dans un marécage que j’avais oublié : les difficultés culturelles.

Difficultés culturelles : quand les malentendus demeurent

Voilà ce que je ruminais dans ma mare en ne sachant pas qu’il s’agissait de difficultés culturelles :

  • Pour cet entretien d’embauche, j’ai mis mon plus beau tailleur … et ils m’ont pris pour une snob.
  • Nous avons mis les petits plats dans les grands … et ils n’osent plus nous inviter.
  • Je fais de mon mieux, ça ne marche pas. Je… Ils… On ne sait pas pourquoi, la rencontre ne se fait pas.

Pourtant, mon objectif avec cette expatriation était d’aller à la rencontre des habitants du pays qui m’accueillait ; je ne voulais pas rester dans une réserve d’expatriés. Mais visiblement, pour sortir de ma bulle, il faut des ressources qui vont au-delà de la bonne volonté.

Avec 15 ans d’expat au compteur, et surtout, les magnifiques formations de nos coachs interculturalistes, j’ai bien avancé. Et comme entre expatriés, on essaie d’être solidaire, je vous partage mes trouvailles.

Comprendre les difficultés culturelles

1- La solitude de l’iceberg


Non, il ne s’agit pas du titre du dernier roman de Katherine Pancol mais plutôt d’une métaphore omniprésente chez les interculturalistes.
En effet, les caractéristiques qui constituent les cultures se constatent facilement en termes de comportement, de folklore et de tradition. Mais « l’essentiel est invisible avec les yeux », y compris en matière culturelle. Au-delà de ce que nos sens perçoivent, s’étend l’immensité des racines de chaque peuple ; les croyances, les valeurs, les représentations. Autant de certitudes qu’on n’exprime pas pour se raconter car elles sont tellement ancrées qu’elles nous semblent évidentes. Elles se situent si profondément qu’elles rejoignent le domaine du bien et du mal et sont donc indiscutables. Ou en tout cas, indiscutées. Voilà ce qu’on appelle en interculturel le dessous de l’iceberg. Et vous comprenez aussitôt pourquoi cet encombrant équipage invisible m’empêche sourdement de rejoindre ma voisine de parc à Rio. C’est comme si nous étions chacune séparée par de grandes jupes à crinoline.

Lorsque je passe une journée en cuisine pour bien recevoir mes hôtes, je reproduis ce que des générations de femmes françaises m’ont transmis : « tu vas leur mijoter de bons petits plats, faire une belle table, faire attention à chacun… ». Comment ce soin pour le beau, le bon, le bien ne me rapprocherait-il pas des autres ?

Et bien l’iceberg australien lui prône la simplicité, la convivialité, l’attitude « lay back » (décontractée). Nous nous situons sur deux plans parallèles.


2- Patience et longueur de temps


Evidemment, nous finissons tous par progresser grâce à l’expérience. Au parc, en bonne latine, je crie pour gronder mon fils qui saute dans les flaques. Néanmoins, je finis bien par remarquer ma voisine, elle, se lève et susurre à l’oreille de sa fille qu’elle risque de se mouiller et d’arroser les autres. Dans mon iceberg, on élève les enfants en levant la voix. Dans le sien, en se levant soi-même.

Alors commence une lente valse à trois temps. Action. Echo. Analyse des différences culturelles. La plupart des expatriés avancent ainsi de façon instinctive, plus ou moins rapidement selon leurs aptitudes.

Ainsi, si au départ à Lagos, Cécile a pu juger que ses collaborateurs « n’avaient pas le sens des horaires », elle a peu à peu compris la difficulté de rester ponctuel dans les transports locaux et mesuré les efforts accomplis par ses collègues chaque jour. Quant à Maureen, il lui a fallu 5 ans pour naviguer plus sûrement entre cordialité et amitié avec ses amies américaines dont elle apprécie de plus en plus le sens de l’entraide.

3- Pour aller plus vite

Si comme la grenouille dans son billabong, on s’installe pour toute sa vie dans son nouveau pays, alors on peut se permettre de tâtonner ainsi pendant des mois. Mais si on ne vient que pour deux ans, si au bureau, on doit obtenir des résultats rapidement, si tout simplement on est très sociable et qu’on vit mal la solitude de l’iceberg, alors, comment accélérer l’apprentissage interculturel ?

Comme toujours, la solution se trouve dans l’expérience accumulée par nos prédécesseurs. On peut y avoir accès de façon empirique en discutant avec les expatriés de longue date. Ou on peut choisir des approches plus systématiques, et là, on rencontrer la science interculturelle, car c’est ainsi que se nomme l’exploration de ce type d’icebergs.

Je vous propose trois façons de l’aborder :
– Voici déjà trois livres pour avancer : “L’intelligence interculturelle” par Michel Sauquet chez Charles Leopold Mayer, 2014. « La logique de l’honneur » de Philippe d’Hiribarne (Seuil 1989), « Le coaching interculturel » par Philippe Rozinski (Dunod 2009).

– La formation : des universités comme Paris Dauphine, des écoles comme l’Isit ont des cursus passionnants en interculturel. Chez Expat Communication, nous avons diverses formations collectives courtes à proposer.

– Enfin, les accompagnements individuels mêlant coaching et interculturel mis en place par Expat Communication peuvent vous aider à répondre à des questions comme « est-ce moi, est-ce eux ? ».

Dans tous les cas, que vous avanciez par l’expérience, par l’échange, en lisant, en vous formant ou avec un coach, je vous souhaite une belle danse des icebergs !

Alix CARNOT

Alix Carnot

Directrice Associée chez Expat Communication, l’éditeur de FemmExpat.
Auteur de Chéri(e) on s’expatrie, guide de survie à l’usage des couples expatriés.

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