Mon nid se vide en expat 

le nid se vide

Une vie de famille extra-ordinaire en expatriation, un doux cocon familial resserré au fil des ans, solidaire et joyeux. Et puis un jour, il est temps : bac en poche, majeur et vacciné, l’enfant (que l’on a tout à coup très envie d’appeler bébé…) ne peut plus nous suivre. Comment gérer ce départ, ce nid qui se vide, pour nous mamans, et surtout, nous nous FemmExpats ? 

Un oisillon qui part plus loin et plus tôt !  

Commençons déjà par se dire que ce qui se déroule là, un départ loin de la maison en expatriation, ce n’est pas tout à fait «comme tout le monde ». Laisser partir son enfant alors que l’on vit à Bogota et qu’il étudiera en France loin de sa maman et de son papa avec 7 heures de décalage n’a rien de « normal », et encore moins de facile. Cette distance (on ne parle pas d’un Paris-Lille) ajoutant des difficultés logistiques, émotionnelles et financières. 

Mais ce n’est pas tout : alors qu’en France, les enfants quittent le domicile parental à 23,5 ans en moyenne (source), cette séparation se fait souvent à tout juste 18 ans, ou même parfois… 17 en expatriation. Parfois 12… quand il s’agit d’un départ en internat.  

👉Premier conseil, de Peggy Velasquez, Expat Coach chez Expat Communication, à Bogota :

« il est essentiel de reconnaître et de savoir accueillir cette difficulté supplémentaire que représente l’éloignement géographique pour les expatriés. Cette prise de conscience est nécessaire pour pouvoir s’y préparer, anticiper les possibles difficultés et prévoir ensemble des solutions adaptées. Un maître mot pour moi : s’y préparer et anticiper » 

La fin d’un cocon doré  

Ce nid qui se vide, c’est la fin, ou le début de la fin d’une jolie page qu’est l’expatriation en famille. Car ce petit truc que nous avons, nous familles d’expat, c’est ce lien très fort qui nous unit. Ce nid douillet que nous avons construit depuis des années (lire aussi : Vie de famille en expatriation : un investissement gagnant).

Et pas que douillet, d’ailleurs ! Les difficultés du quotidien en expat, nous les avons vécues ensemble, ce typhon à Hong Kong ? Ensemble ! La mort de Papi en plein Covid : ensemble. Le rapatriement d’urgence de César pour opérer sa jambe cassée ? Ensemble aussi !  

👉Notre conseil : prendre le temps de regarder en arrière, souffler, et se dire que cette énergie si forte est à présent transmise à la fratrie. Sophie, multi expat dans son enfance se rappelle de ce mois où toute la famille s’est retrouvée autour du papa en fin de vie : « on a retrouvé nos souvenirs, nos blagues multilingues d’expats, nos réflexes, nos souvenirs, on était réuni autour d’une nouvelle épreuve, comme une suite à nos aventures de famille. Archi soudés. » 

Mais rassurez-vous ! Tout n’est pas fini : votre bébé appréciera de retrouver son cher cocon doré pendant les vacances…Et surtout, votre votre nid ne s’est peut-être pas totalement vidé. 

Une dynamique familiale qui change 

Car un enfant qui part, c’est toute la maison qui change. De rythme, d’équilibre, d’humeur. Et pour la maman que nous sommes : gérer à la fois le manque de l’enfant parti, et savoir redonner sa place à celui ou ceux qui restent. Accueillir sa tristesse, mais aussi celle du reste de la famille. Là aussi, on est ensemble ! Décidemment…  

Mais on le sait, certains enfants peuvent aussi se sentir plus « libérés » ou grandis à l’occasion du départ de cet enfant. Marie-Florence Astoin, Expat Coach chez Expat Communication et basée au Caire témoigne en effet :

« Depuis le départ de mon aînée, l’ambiance a changé à la maison, c’est plus calme, notamment parce que notre première a vraiment un coté « bossy ». Conséquence : cela entraîne notre deuxième à être au quotidien plus mature, moins dans la plainte. »

D’autres fois, ce sont des liens plus forts qui peuvent se créer entre les membres de la fratrie séparés et cela grâce aux réseaux sociaux. Alexandre confie : « je ne me suis jamais senti aussi proche de mon frère que depuis qu’un océan nous sépare. Avant on se chamaillait tout le temps. » La distance leur a permis de passer des moments de qualité pendant les vacances et maintenant ils se serrent les coudes, se comprennent mieux et partagent même leurs programmes de musculations via les réseaux sociaux…  

Même écho du côté de Marie-Florence Astoin :

« Le groupe WhatsApp familial est bien plus actif ! Les petites sœurs commentent les activités de leur aînée à Paris. Vice versa, la grande soutient les plus jeunes quand elle estime que les parents sont injustes. Ce lien entre elles qui se tisse à distance fait chaud au cœur ! » 

👉Alors pourquoi ne pas prendre cette nouvelle page qui se tourne comme une opportunité de renouveau, en donnant à cette nouvelle expat, même sans Jules ou Salomé, un goût aussi doux et fort ?

Eux loin de nous : des sentiments mêlés 

C’est très joli tout ça, mais mon bébé, il est très loin ! Comment gérer cette anxiété, l’angoisse de les savoir loin de nous ? Est-ce le bon moment pour le laisser voler de ses propres ailes ? En est-il capable ? Comment allons-nous gérer la distance, le décalage horaire ? Et si notre bébé tombe malade ? Et si le COVID revient et si, et si … 

Peggy Velasquez, Expat Coach basée à Bogota, s’est expatriée en Colombie en laissant son aîné en 1e année d’école de commerce à Sofia Antipolis. Son témoignage et ses conseils sont précieux :  

« Je dirais que ce n’est jamais le bon moment et cela ne sera pas facile. Votre ado tombera malade loin de vous pour le dorloter. Il ratera des cours car vous n’étiez pas là pour le réveiller, il partira sans prendre de petit déjeuner car il n’aura pas pris le temps de remplir son frigo. Il passera des entretiens avec une chemise pas repassée.  

Mais rappelez-vous en tant qu’expatriés, nous saurons nous adapter, mettre en place des créneaux horaires pour communiquer, recréer une équipe de soutien pour notre bébé (famille, amis, équipe pédagogique), combiner missions professionnelles et visites à notre grand. 

Votre ado deviendra le champion de Doctolib et des visites médicales à distance, il se rendra aux urgences en trottinette et sans batterie dans son téléphone et sera donc injoignable. Vous vous ferez du souci et un copain vous rappellera pour vous dire que tout va bien. En tant que parents nous serons inquiets mais nos enfants nous surprendront et s’adapteront à cette nouvelle situation….à leur façon.  

Croyez-moi, ils sortiront de leurs petits nids douillets de 300 m2 mais ils sauront s’adapter à un mini appartement de 19 m2 et aussi profiter de tous les moments qu’ils passeront avec nous pendant les vacances. Ils les savoureront et vous serez ravis de pouvoir les chouchouter pendant ces moments privilégiés. Le temps passé ensemble sera de qualité et apprécié. Vous verrez votre enfant grandir, gagner en maturité aux rythmes des difficultés surmontées et s’estomper peu à peu votre culpabilité. » 

👉Lire aussi nos deux articles  : Ces enfants expat’ qui étudient loin de la famille et Parents en expat et enfants en France : comment gérer ?

Le témoignage de Sabine Douellou, qui a lancé Insider Story Tours à Austin après le départ de ses filles en dit long aussi sur cette nouvelle relation avec ses « grandes » :

« Il m’a fallu un peu de temps pour réaliser que les adolescentes que j’avais quittées en France évoluaient. Donc je me suis retrouvée quelques fois avec le sentiment d’être décalée avec les deux jeunes femmes en devenir et de réagir parfois avec maladresse. Il n’était plus question d’éduquer mais d’écouter, conseiller ou de guider deux jeunes adultes, je l’ai compris peu à peu… »

Mais quand même… c’est mon bébé ! 

« J’ai ressenti un énorme sentiment de vide …finies les réunions parents-profs, les conduites, et plein d’autres petits riens de la vie quotidienne d’une maman qui avait dédié beaucoup de son temps à ses enfants. J’avais parfois l’impression que tout était allé si vite que je n’avais pas assez profité des bons moments » se souvient aussi Sabine.

Cette sensation, les psychologues lui ont d’ailleurs donné le nom de « syndrome du nid vide ». Sentiment de tristesse, de solitude, de perte de sens… Ce qui se joue là, c’est votre identité de parent, votre place dans la famille… une autre dimension du couple. Une autre place dans la vie !  

👉Notre conseil : n’hésitez pas à partager votre émotion avec vos enfants, cela permettra à certains de se décharger de leurs propres peines. Mais sans leur en faire porter le poids. Ils vous appelleront plus souvent si vous avez du soleil dans la voix que s’ils ont l’impression que vous avez besoin de leur énergie. C’est vous la maman, pas invincible, mais sur laquelle ils peuvent compter

Des moments à anticiper et à préparer  

La « chance » que l’on a, quand on est expatriée, c’est que l’on sait que ce moment devra arriver. Une bonne raison de le préparer, de le marquer, de le célébrer. Vous FemmExpat : prenez-en soin. Dégagez le temps nécessaire, pour vous, pour votre bébé. Prendre le temps d’entourer comme il faut ce départ vous aidera, et vous et lui. 

Etablir ce départ comme une étape familiale est une piste. Nathalie se souvient :

« il était clair, à l’arrivée de mes parents à Prague au début de la seconde, que mes études démarreraient loin de chez moi. J’ai su donc très tôt que je partirai seule faire mes études. Le fait d’en parler en amont, de préparer la famille qui m’a accueillie en France mais aussi la fratrie, a adouci les choses. Le jour J, tout était prêt ! ». 

Bon, mais maintenant, je fais quoi, moi, sans enfants ?  

En expatriation, on le sait, les enfants permettent de faire des rencontres et de s’intégrer. En ce sens, le départ des filles de Sabine n’a pas été sans conséquences :

« Finies les activités, goûters d’anniversaires, sorties d’école pour me permettre de tisser des liens avec les autres mamans. J’avais moins d’opportunités de rencontres, avec un mari souvent en voyage…l’intégration a été moins facile. »

Et elle poursuit :

« C’est à peine exagéré, je formulais ce départ parfois comme une ‘retraite anticipée’ trop prématurée à l’âge de 45 ans. Maintenant, c’est différent, je m’offre une chance de reconversion professionnelle depuis quelques mois et je suis vraiment enthousiaste de ce nouveau challenge… »

Une fois les émotions digérées, comment faire place à cette nouvelle vie ? Sabine raconte :

« En couple, nous avons multiplié les expériences telles que les voyages, activités culturelles…Mon conjoint y a veillé avec attention et je pense que c’est le secret pour une bonne transition ! »

Une nouvelle page qui se tourne… 

Un nid qui se vide totalement est une opportunité de (re) prendre le contrôle de sa vie, de ses projets. N’hésitez pas à lire à ce propos notre article sur l’expat après 60 ans.

Retrouver une hygiène de vie, de s’occuper de soi, (oui parce que coucou la ménopause…). Et puis, l’idée n’est pas de vivre une révolution à 360 degrés et de sortir de votre rôle de mère (d’ailleurs, vos enfants ne vous laisseront pas cette opportunité : vive WhatsApp….) Le tout est d’interroger votre dépendance affective avec cet ou ces enfants. 

Sabine poursuit :

« Dans la vie sociale expat, j’ai provoqué des occasions en créant des proposions multiples à mon entourage. Comme des sorties culturelles à Minneapolis, des rencontres artistiques à Varsovie et surtout un déjeuner mensuel ‘club des mères de grands’ à Mexico. Un lieu spécial où nous pouvions échanger sur nos progénitures et leurs choix de vie parfois déconcertants! Je me souviendrai toujours de la remarque d’une amie : « Que veux-tu Sabine, avec cette nouvelle génération de jeunes adultes, on apprend et on grandit ! » Ces déjeuners permettaient une grande liberté d’expression, on riait beaucoup de nous-même, une vraie thérapie de groupe ! »

En expatriation, cette nouvelle vie pourra prendre la couleur de voyages (hors des vacances scolaires !) ou de nouveaux projets, un bilan de compétences, une formation, des voyages, ou encore… l’accueil ! Donner là où vous, vous avez énormément reçu. En expat, on sait que cela vaut de l’or

A vous chères « empty nesters », ne restez donc pas seules !  

« La clé c’est de s’entourer » conclut Marie-Florence Astoin, Expat Coach, qui nous copie ici un message lancé par sa voisine, Ségolène Adenot au Caire « Coucou les amies et nouvelles arrivées, Notre p’tit dernier a quitté le nid, la maison me semble toute vide après 25 ans avec les enfants 😢..venez la remplir et m’aider à tenir le choc 💪🏽 en passant boire un verre 🍹ou un café ☕ lundi quand vous voulez entre 10h et 19h! Dites-moi juste vers quelle heure vous pensez passer si vous venez 🙂! Dress code: I got the BLUE s » 

Et enfin, prenez une minute pour regarder en arrière, souffler, respirer, pour se dire qu’on a bien bossé ! (et attention, les petits enfants arrivent bien plus vite qu’on ne le croit !) 

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