L’expat après 60 ans, c’est comment ?

expat après 60 ans

L’expatriation est souvent associée à l’image de la famille partant à l’aventure. Pourtant, pour beaucoup d’entre nous, les expatriations s’enchaînent avec des enfants déjà loin, ou alors c’est « sur le tard » que le départ s’annonce, ou se décide. Sans aucun doute, c’est une expatriation à la couleur bien différente des autres. Les chiffres du dernier Baromètre Expat Communication le confirment, puisqu’avec une évaluation de 72/100, les 60 ans et + affichent le niveau de moral le plus élevé par rapport aux autres catégories d’expatriés. Comment ces FemmExpats vivent ce projet ? Quels sont les enjeux d’une expat après 60 ans ?

Une belle occasion de se relancer

A une dizaine de trimestres de la retraite, Olivier se voit proposer une opportunité professionnelle à Riyad. Pour Sophie, sa conjointe, c’est le choc. Il faut dire qu’entre l’installation de leur dernier à l’université et la naissance de leur 1er petit fils chez leur aîné, l’esprit de Sophie était ailleurs. Pour Olivier en revanche, c’est vraiment une belle opportunité. Marie-Dominique Quignon, Expat Coach chez Expat Communication basée à Riyad, explique :

« Il n’est pas rare de voir des carrières s’internationaliser après 50 ans : connaissance de la culture et des rouages de l’entreprise, grande expérience en management, … pour plein de raisons différentes, certains postes ne sont d’ailleurs proposés qu’à des plus séniors. Du point de vue mobilité familiale, il est évident que ce sont des packages plus légers aussi ».

Nous retrouvons Olivier et Sophie quelques semaines plus tard. Ils s’apprêtent à annoncer la nouvelle à leurs enfants. L’idée a fait son chemin et ils ont décidé de dire oui. Une fois validés les aspects matériels et financiers, l’excitation a pris le dessus.

Pour l’un, l’envie de relever un challenge professionnel dans un contexte international passionnant. Pour l’autre, la réponse à une petite voix qui lui disait : « il est bien trop tôt pour pouponner et jouer à la Mamie gâteau ! ».

Un appel à une deuxième jeunesse

Pour de nombreux couples, ce départ sur le tard est effectivement vu comme une nouvelle page à écrire dans leur histoire, une opportunité de sortir de leur zone de confort. Également, une chance à saisir. Car une expatriation sans enfants à scolariser, sans poussette à faire transiter dans les aéroports et sans billets au tarif fort pendant les vacances scolaires, donne une autre couleur à l’expatriation. Une sorte de cadeau tombé du ciel ou de bouquet final !

Jusqu’à se sentir Senager (ces senior/teenagers que rien n’arrête plus passés 65 ans) ? « Il y a un peu de cela sans doute, surtout pour ceux qui font le choix de partir sans contrat », précise Jeanine Over de Linden, Expat Coach chez Expat Communication, basée à Dubaï. Elle ajoute :

« De plus en plus de séniors prennent conscience qu’il est temps de prendre soin d’eux, et font le choix de partir justement après 60 ans. Ils se donnent la permission de faire des choses qu’ils n’auraient pas fait avant, en raison de contraintes personnelles, familiales, financières… Ils ont envie de rattraper le temps perdu en quelques sortes, et d’accomplir des rêves. Grâce au télétravail, ils finissent leur carrière en douceur, parfois en mode nomade numérique, dans des zones où confort de vie, décalage horaire (pour l’Île Maurice par exemple) et ensoleillement offrent une belle pré-retraite ».

Une expatriation réfléchie et un état d’esprit mature

Quoi qu’il en soit, beaucoup entreprennent ce projet avec une sorte de sagesse, de maturité. Les données du Baromètre Expat Communication le confirment : les plus de 60 ans sont 84% à avoir le sentiment d’avoir trouvé leur place en expatriation.

Pour Agnès par exemple, pas question de mettre une croix sur la mission de formation qu’elle venait d’accepter en région parisienne. Elle choisit donc de partager sa vie entre la France auprès de son job et Singapour, où son mari travaille. Pour ceux que les nombreux voyages n’effraient pas, c’est le choix d’une vie « ici et là » qui s’impose assez naturellement. En prenant le meilleur de la vie à l’étranger sans mettre une croix sur le soutien qu’elle peut apporter à sa famille ou à son travail.

Une fois sur place, vit-on cette expat comme les autres ?

Cela dépend des cas. Pour celles qui ont décidé de vivre une expat « moitié-moitié » l’intégration dans le pays ou la communauté n’est pas si rapide… Avec des retours en France de deux, voire trois mois, l’année à l’étranger est réduite d’autant !

Pour nouer un réseau d’amis, par exemple, ce n’est pas si évident. Les opportunités de participer à des activités de groupe sont à saisir dans les peu de jours que l’on passe sur place. Et puis, il y a le couple aussi : un célibat géographique choisi et assumé, d’accord, mais qui n’est pas toujours facile à vivre au quotidien.

Une autre expatriée raconte :

« Cette vie coupée en deux demande d’être extrêmement organisée ! Je jongle entre les différents groupes de discussion ici et là, mes nombreux billets d’avion, le calendrier des dîners et des sorties avec les amis et la famille. Parfois, cela prend de l’énergie, c’est certain. Et puis, il faut avoir appris à gérer les décalages horaires. »

Et parfois, c’est l’expat de trop….

Et puis il y a celles pour qui c’est le départ en trop. A l’image de Wendy, expat américaine en Arabie Saoudite qui compte les jours avant son retour.

« Mon esprit est ailleurs et mes intérêts aussi !… auprès de mes petit-enfants que je ne vois pas grandir. Et puis, cette envie soudaine de dire : bon, maintenant pour les dernières années qu’il nous reste, après des années à porter ces jobs à bout de bras… Place à mon couple, à notre tour de construire ce dernier cocon à deux. ».

Pour Elisabeth :

« Après des années à parcourir le monde, je suis fatiguée et j’ai du mal à me forcer. L’envie n’est plus là. La focale a changé. Mon mari travaille comme un acharné et je passe la plupart de mes journées seule. Mon esprit est auprès des miens à des milliers de km d’ici. Alors bien sûr je pourrai prendre contact avec d’autres expats, je le fais d’ailleurs, mais à quoi bon ? Dans 18 mois si tout va bien, nous serons partis. On a fait notre temps »

… ou l’expat infinie !

C’est le cas de certains couples bi-nationaux, ou des multi-expats qui choisissent de ne jamais rentrer ou de choisir un pays tiers pour leur retraite. C’est le cas de Florence et de son mari, qui ont choisi de repartir au Mexique à la fin de leur expatriation au Moyen-Orient.

L’avis du coach : à quoi faut-il penser avant de se lancer dans l’aventure d’une expat après 60 ans ?

Marie-Dominique Quignon, Expat Coach basée à Riyad, explique :

  • Très concrètement, la santé et la sécurité sur place sont des points à anticiper absolument. La santé du couple au départ, mais également la présence sur place d’excellentes prises en charge médicales au cas où.
  • Ensuite, la possibilité de pouvoir rejoindre facilement sa famille est également important. Une fin de carrière en Inde n’offre pas la même sécurité qu’une mission au Portugal.
  • Pour ce qui est de la vie sociale, je dirais qu’il faut être prêt à s’ouvrir à une vie qui ne ressemble pas socialement à celle que l’on aurait en France. Votre cours de Pilates avec des futures mamans le prouvera !
  • Pour les personnes qui partent sans grande connaissance de l’expatriation, il ne faut pas sous-estimer les effets du choc culturel. Ce n’est pas parce qu’on a plus de 60 ans que l’on passe à travers ! Il est impératif de se préparer un minimum.
  • Enfin, et là aussi, le Baromètre Expat Communication 2023 le confirme, il ne faut pas négliger l’apprentissage de la langue. 43% des 60 ans et plus évoquent la barrière de la langue comme la principale difficulté pendant l’expatriation.

En conclusion, je dirais qu’il s’agit avant tout d’un projet de vie, que l’on construit à deux le plus souvent. Et il n’est pas exclu d’y intégrer un projet plus large, à l’instar de ces seniors expats qui construisent leur année en fonction de leurs visites familiales. Un peu comme Emmanuelle, qui m’expliquait l’autre jour : « C’est un peu de vacances que nous offrons à nos familles, cette expat à Dubaï ».

Merci à Marie-Dominique Quignon

Française, expatriée aux États-Unis et en Arabie saoudite. Coach professionnelle certifiée ICF et forte d’une carrière de plus de 30 ans en tant que cadre dirigeant en charge de la R&D et de l’innovation au sein de groupes anglo-saxons et français, Marie-Dominique intervient dans le coaching de transition de carrière internationale et les programmes de développement de l’intelligence culturelle. Cliquez ici pour prendre rendez-vous avec Marie-Dominique Quignon pour une séance découverte gratuite.

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