Retour d’expatriation – la torture du “Et si on était restés” ?

Et-si-on-etait-restes-UNE femmexpat 559x520On le sait bien, partir en expatriation n’est pas un long fleuve tranquille. Cette aventure aussi enrichissante que fragilisante, aussi folle que riche, aussi constructive que remuante est source d’infinies émotions et états d’âme. De retour d’expatriation, une fois revenus dans le confort de notre pays de naissance et de notre langue maternelle, armés et enrichis de cette merveilleuse expérience, on se dit que ça y est, l’effervescence de nos années passées à l’étranger va s’apaiser pour laisser la place au ronron d’une vie bien rangée, source de sérénité et de sécurité.

Mais ça, c’est sans compter sur la petite musique du “Et si on était restés” ?

Catherine, auteure du blog « L’élan Blanc » et du livre « Les P’tits Lus en Suède » a vécu deux ans d’expatriation à Karlstad en Suède… Une expérience au cours de laquelle elle est tombée amoureuse du pays, de ses paysages et de ses traditions. De retour depuis un an en France, elle a du mal à faire son deuil et reste très attachée aux souvenirs de cette expérience.

Avec chaque jour, cette petite question, toujours en tête, comme une torture…

Remise en question du retour d’expatriation

Choisir, c’est renoncer. Choisir de mettre fin à une expatriation, c’est renoncer au meilleur de cette expérience. Renoncer aux découvertes constantes, aux nouvelles rencontres, aux beautés d’un pays aimé. C’est bien souvent aussi renoncer à un certain confort de vie et à avoir du temps pour soi et sa famille.

La décision de partir, bien que difficile à prendre, n’est jamais prise à la légère. Elle résulte d’arguments rationnels, factuels. Que ce soit pour se rapprocher de la famille, pour la scolarité de nos enfants, pour notre carrière professionnelle ou autre, on croit alors avoir fait le plus dur en ayant enfin tranché la question et pris LA décision, celle du retour d’expatriation.

Et pourtant, ce n’est que le début (ou la poursuite) des états d’âme !

En effet, une fois rentrés, réinstallés, réintégrés, réhabitués (ou à peu près),  alors qu’on aspire enfin à un peu de repos, voilà que les questionnements voire les regrets pointent insidieusement le bout de leur nez. Voilà que notre pays d’expatriation et ses douceurs nous manquent terriblement.

Comme pour un accouchement, les souvenirs douloureux s’envolent pour ne laisser la place qu’aux plus beaux moments de ces années passées.

Vient alors inévitablement le moment où l’on se demande pourquoi on a bien pu vouloir rentrer et quitter tout ça.

Torture du “Et si on était restés ?”, “Et si”, “Et si”…

Et si…

  • on était restés deux ans de plus ?
  • je m’étais moins isolée ?
  • on avait tenu le coup un peu plus longtemps pour retrouver le plaisir des débuts ?

Même quand la décision de rentrer en France a été motivée comme ce fut notre cas par la fin d’un contrat sur place et qu’on se raisonne en se disant qu’on n’y pouvait rien et que c’est la vie, on sait bien au fond de nous que nous avions notre libre-arbitre et la possibilité de changer ses plans, à la vie !

Viennent alors les : “On aurait pu”, “On aurait dû”…

Chercher un autre poste, changer de voie, monter un projet plus personnel, vivre de nos rentes (!)…, pour des gens pleins de ressources comme sont les expatriés, les solutions étaient finalement nombreuses.

Pour ne pas trop regretter et en finir avec ce spleen, ma solution, c’est de me replonger dans la liste des points négatifs de notre expatriation, de me remémorer les difficultés rencontrées et de repenser à l’énergie physique et émotionnelle que cela nous a demandé.

Rationnaliser les choses. Relativiser. Encore et encore.

Confusion autour de l’expatriation

Il faut bien avouer aussi qu’à un certain point, tout se mélange et que cette confusion est très mauvaise conseillère. Beauté du pays d’accueil, plaisir des découvertes, temps pour soi, confort de vie, confort financier, temps en famille…, de retour en France, on a bien souvent tendance à mettre tous ces éléments dans la boîte unique de “l’expatriation”.

Gare à ce prisme qui déforme la réalité et altère notre jugement.

Car comment repenserais-je à mon expatriation aujourd’hui si j’y avais travaillé à temps plein et que j’étais rentrée tous les soirs exténuée de ma journée de travail comme ma voisine Helen ?  Si les week-ends, j’avais été trop fatiguée pour partir explorer les richesses de la Suède ? Ou si je n’avais pas eu les moyens financiers de nous organiser de ces belles escapades en famille ?

Comment repenserais-je à mon expatriation si je n’avais pas eu le temps de faire mes longues promenades solitaires et inspirantes dans mes belles forêts suédoises ? Si je n’avais pas eu le temps d’explorer la ville, sens aux aguets et appareil-photo en bandoulière ? Et si je n’avais pas eu autant de temps à consacrer à mes filles et à mon mari ?

Sûre que sans tout ça, mon expatriation aurait été beaucoup moins belle et m’aurait moins manquée aujourd’hui.

Vivre le moment présent, plus facile à dire qu’à faire !

Aujourd’hui. Le mot est lancé. Pour combattre le spleen et la nostalgie, il s’agit bien d’essayer de nous concentrer sur le moment présent. C’est bien connu, le passé est passé, le futur n’existe pas encore et seul le présent importe.

J’ai beau avoir lu des tas de choses sur le développement personnel, avoir pratiqué méditation et sophrologie, connaître tous ces préceptes et me répéter en boucle les mantras “accueille”, “accepte”, “carpe diem”, rien n’y fait, c’est bien plus facile à dire qu’à faire !

Ma torture est constante, perpétuelle. Et si ? Et si ?

J’ai même l’impression que plus on est d’une nature nostalgique et romantique, plus cette torture est puissante et insinueuse. Et si ? Et si ?

Je me fatigue moi-même. Pourquoi donc je me pose tant de questions sur mon retour d’expatriation alors que je ne remets jamais en cause les autres grandes décisions de ma vie ?

Parfois, j’en viendrais même à regretter d’avoir vécu des choses aussi belles.

C’est moche. Et pourtant c’est vrai. Sans souvenirs et sans beaux moments, pas de regrets ni de nostalgie. CQFD.

Les souvenirs d’expatriation n’ont rien à voir avec les souvenirs d’un beau voyage.

Ceux-là, quand on s’y replonge, on n’en retire que le meilleur. On se dit juste “Qu’est-ce que c’était bien !”. Je ne ressens pas de nostalgie quand me reviennent des images de temples bouddhistes au coucher du soleil, d’excursions avec mes filles en tuk-tuk au milieu des plantations de thé du Sri Lanka ou des délicieux petits-déjeuners de Paddy, notre hôte en Irlande.

De tout ça, je n’en retire que du positif car les règles de jeu étaient claires dès le départ. Ces voyages aussi beaux soient-ils, n’étaient qu’une aventure ponctuelle, délimitée dans le temps. Le retour était implicitement prévu dès le départ. Ce n’est pas pour rien qu’on prend des billets aller-retour. Alors même si des fois, on s’est bien demandés sur place si on ne restait pas monter une guesthouse en Thaïlande ou s’installer à la Martinique, au fond de nous, on n’a pas non plus tergiversé longtemps avant de retourner à notre vie d’avant, les yeux et le cœur emplis de nouvelles richesses.

Rien à voir avec une expatriation.

Retour d’expatriation, gérer nos états d’âme en solo

De retour d’expatriation, à qui confier nos états d’âme, nos questionnements et nos tergiversations ?

Surtout ne rien en dire aux enfants pour ne pas les faire douter du bien fondé de notre retour.

Ne pas se plaindre non plus à notre entourage au risque qu’ils se disent qu’on ne sait vraiment pas ce que l’on veut (ce qui est sûrement vrai au fond…). Ne pas accabler non plus notre conjoint qui lui aussi, essaie de gérer tant bien que mal les choses à sa manière et ne peut s’empêcher de culpabiliser.

Non, il nous faut juste avancer en essayant de ne pas regarder derrière.

Et transcender cette torture du “Et si on était restés” en une énergie créatrice de nouveaux projets.

Pour moi, mon salut, ma thérapie, c’est mon blog, l’écriture de mon carnet de voyage et la maturation d’un nouveau projet en lien avec la Suède.

Mon objectif, c’est de ne pas avoir fait tout ça pour rien !

Ne pas souffrir pour rien, et qu’au final, il en sorte quelque chose d’encore plus beau, plus fort. Quelque chose à cheval entre mes deux vies, en France et en Suède.

Enfin réunir les deux parties de mon cœur et trouver un équilibre et une paix intérieure où la torture du “Et si on était restés” n’aurait enfin plus de prise.

Catherine Lafage

Auteure du blog sur la Suède L’élan blanc et du livre “Les P’tits Lus en Suède”.

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