Equilibre vie pro, vie perso : profiter de son expatriation pour changer son regard

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Hélène Cuney accompagne des FemmExpats depuis près de 10 ans dans leur réflexion personnelle, professionnelle. Souvent, la question de l’équilibre vie perso, vie pro revient au premier plan. Et si notre expérience d’expat nous aidait à y voir plus clair, et surtout à changer de regard ? À travers cet article, vous trouverez des clés et des pistes de réflexion pour gagner en sérénité et reprendre le contrôle sur votre quotidien. Pas de recette magique mais des ingrédients suggérés pour composer une recette unique, celle qui vous ressemble et vous régale.

Tout concilier et trouver le juste équilibre entre le temps consacré au travail, à la famille, à l’amour, à l’amitié, aux loisirs – pour ne citer que quelques-uns de nos différents temps domaines de vie – semble être difficile, voire impossible à trouver, surtout quand on veut tout faire en même temps et parfaitement. Si l’on ajoute à cette ambition, la situation propre à l’expatriation (déménagement, emménagement, éloignement du cercle proche, etc.), la quête semble utopique et les femmes, souvent multi-casquettes, ont tendance à payer plus chère l’addition que les hommes. Mauvaise mère, carriériste ou desperate housewife, les clichés sont nombreux.

Par ailleurs, le fait de choisir, de renoncer est souvent vu comme un échec et vécu comme un sacrifice. Est-il vraiment possible de trouver un juste équilibre ou est-ce un sort réservé à une poignée de privilégiées et de super women ?

Dans son livre Je veux tout paru en 2021, Nathalie Rozborski nous appelle à nous libérer des injonctions et à mettre sur un pied d’égalité son bonheur personnel et son bonheur professionnel.

« L’un n’a pas à chasser l’autre. Il n’y a pas de soustraction à opérer. Arrêtons de dire qu’il faut renoncer, choisir, découper, qu’on ne peut pas tout avoir.» Pour y parvenir, il faut se déculpabiliser, arrêter de penser qu’il n’y a qu’un seul modèle et revenir à ses besoins et envies propres.

Il y autant de définitions de l’équilibre que de personnes

Bien souvent, nous avons tendance à nous représenter l’équilibre comme une balance parfaite, où deux plateaux identiques se situeraient au milieu, en parfaite symétrie. Cela conviendrait à penser qu’il faudrait 50% de vie pro et 50% de vie privée et que ce fameux équilibre serait identique pour tous.

Quelle signification donner à l’équilibre vie pro/vie perso ?

Hors, si l’on s’interroge sur la signification de ce concept d’équilibre, on ne pourra que constater qu’il ne s’agit pas d’une recherche d’égalité mais plutôt qu’il représente la définition du bonheur. En tant que telle, cette définition est propre à chacun de nous et ne peut donc être universelle. S’acharner à vouloir atteindre une image d’Épinal déconnectée de toute réalité comme nous y pousse souvent les réseaux sociaux et les injonctions multiples qui nous entourent ne peut que qu’engendrer fatigue, insatisfaction et rumination.

Cet équilibre recherché – s’épanouir, se sentir à sa place et dans une position juste et stable, sans avoir l’impression de faire de sacrifice – se rapproche plus de celui du funambule. Mouvant, parfois instable, il évolue au fil du temps et de notre cheminement. À ce titre, le dosage du temps consacré aux différentes sphères de vie est une recette propre à chacun et demande de répondre à une seule et unique question : de quoi ai-je besoin pour être heureux ?

Et si on composait notre propre recette ?

Comme l’écrivait en février 2022, Sandrine Fillaudeau, hôte du podcast Les équilibristes :

« Il n’y a pas : la vie pro, la vie perso. Il y a la vie, point ».

En effet, les frontières sont perméables et s’influencent sans cesse l’une et l’autre. Le défi est de faire en sorte qu’elles se nourrissent entre elles au lieu de s’opposer. Pour cela, nous devons accepter de nous donner le rôle principal et apprendre à écouter et combler nos besoins. En reprenant le contrôle de notre vie et de l’équilibre des différents domaines qui la compose, nous nous donnons la possibilité de composer notre propre recette gagnante : une formule qui respecte notre identité et prend en compte nos objectifs de vie, nos valeurs, etc. Le réel challenge est donc de se connaître et d’avoir des objectifs de vie clairs.

Ce qui nous fait souffrir et nous conduit au burn-out qu’il soit professionnel ou parental, ce n’est pas le manque d’équilibre en soi (qui est utopique) mais plutôt les pensées qu’on entretient : se comparer, jalouser telle personne, se sentir nulle, pas assez et surtout cette impression de se sentir sacrifiée, de subir les choses. Le problème réel n’est pas d’arriver à un 50/50 utopique, c’est le non choix de la répartition de notre temps : « Vous êtes la seule personne à pouvoir dessiner votre cartographie de besoins, à trouver votre voie d’alignement ».

Maîtriser ses pensées, c’est être le capitaine heureux de sa vie

Rentrons maintenant dans le concret et voyons comment construire cet équilibre qui nous est propre.

1. Être au clair avec ses priorités

Pour être sûre de ne pas se perdre en chemin, l’outil principal est de cultiver sa vision sur le long terme. Quelle vie ai-je envie d’avoir ? Qu’est-ce que j’ai envie qu’on retienne de moi ? En connaissant votre destination, l’étoile du Nord qui guide vos pas, il deviendra beaucoup plus facile de choisir le chemin adéquat pour y parvenir et donc de fixer ses priorités. Bien souvent, le problème n’est pas de tout vouloir mais de tout vouloir en même temps. En fixant une priorité, on se donne la chance d’avancer. Cela ne veut pas dire que cette priorité ne s’inversera pas à un moment donné.

Pourquoi je fais ce choix là maintenant ? Est-ce que cette décision sert ma vision ?

L’équilibre n’est pas une meilleure gestion du temps, mais une meilleure gestion des ses priorités.

2. Se libérer des injonctions et décider pour soi

Chaque situation est unique et peu importe le choix fait, il y aura toujours des personnes qui penseront que notre choix est mauvais. Si – en plus de cela – on écoute ses sirènes et qu’on devient sa propre ennemie, il est illusoire de penser trouver ce fameux équilibre.

Dans son livre Quatre plaisirs par jour, la psychologue Evelyne Bissone Jeuffroy écrit :

« Lorsque nous voulons être parfaits, nous sommes toujours en dessous de ce que nous voudrions atteindre. Ne jamais toucher ce but nous fait vivre dans la frustration et l’insatisfaction permanente, ce qui est néfaste pour l’estime de soi et détruit la sensation de bien-être intérieur. »

Pour se libérer de ces carcans, il est nécessaire de changer de perspective en faisant un pas de côté. Dès qu’une pensée négative émerge, accordez-vous quelques secondes pour vous demander : Est-ce moi qui pense cela ? Qu’est-ce que je veux moi ? Qui ai-je envie d’être ? Est-ce un accord avec mes objectifs de vie ?

Répondez avec votre cœur et poursuivez votre chemin en faisant un choix délibéré avec l’objectif de faire de votre mieux (et non de viser la perfection).

3. Communiquer ses choix et les vivre sereinement

Faire des choix et avoir des priorités ne sert à rien si vous ne communiquez pas à ce sujet. C’est une discussion qui doit se faire en amont avec votre conjoint, vos enfants et également au travail (idéalement lors de votre prise de fonction). Un équilibre ne s’atteint pas seul et nécessite que chacun connaisse et respecte vos choix et vous aide dans certains domaines.

Par ailleurs, il a été démontré que l’épanouissement avait un effet contagieux sur les autres. Mieux vaut une maman qui consacre un temps de qualité joyeux avec sa famille qu’une maman présente physiquement mais au bout du rouleau et qui cherche à tout prix à se conformer à un modèle qu’elle pense être le bon sans s’être interrogée sur ses besoins propres.

Mais que faire quand nos priorités, nos choix soient brutalement remis en question ? C’est le cas notamment lors d’une expatriation imprévue ou soudaine.

L’expatriation, une opportunité à revisiter et faire évoluer son modèle d’équilibre

S’expatrier, c’est repartir à zéro, se confronter à une nouvelle vie et surtout à une nouvelle culture. Mais c’est également l’occasion de sortir du moule dans lequel on a toujours évolué et de changer sa vision concernant la durée de la garde des enfants, leur éducation, son rythme de travail, etc.

Découvrir d’autres modes d’équilibre vie pro/vie perso

En Allemagne, par exemple, les cours à l’école n’ont lieu qu’en matinée et les systèmes de garde tardifs (après 17h !) sont rares, onéreux, voire inexistants. Cela nécessite – si les deux parents travaillent – de redéfinir l’équilibre de vie instauré en France. Et si c’était l’occasion de passer moins de temps au travail et plus de temps avec ses enfants ou bien de travailler plus tôt pour pouvoir finir plus tôt ? Si vous êtes efficaces et que vous faites vos heures de travail, personne ne vous reprochera de partir du travail avant 18h – comme c’est souvent le cas en France. Cet exemple est caricatural mais il a le mérite de nous montrer que l’expat est invitation à remettre en question les modèles que nous croyions classiques.

Beaucoup d’expats passés par la Scandinavie racontent à quel point les pratiques de ces pays ont été marquantes. Marie-Isabelle Fleury témoigne (relire l’article consacré à son couple Tic et Tac) :

« le fait d’avoir eu boulot et jeunes enfants dans ce pays a vraiment changé notre regard sur l’équilibre famille – travail. Là-bas, quitter le travail à 16h pour récupérer ses enfants à l’école ou prendre des congés paternels ne pose aucun problème pour sa carrière, ça peut même être mal vu de ne pas le faire. La Norvège nous a équilibré sur tous ces domaines, et la notion de partage des tâches n’est plus un sujet, c’est une évidence. »

Des rencontres qui nous ouvrent vers d’autres horizons

En plus des différences propres à chaque pays, l’expatriation nous permet de rencontrer des personnes différentes de notre cercle habituel et de découvrir d’autres styles de vie, d’autres manières de faire carrière. En voyant concrètement qu’il existe une autre manière de faire et que cela fonctionne aussi, il devient plus facile de s’autoriser à changer son regard sur l’équilibre de vie tel que nous l’avons envisagé auparavant, en ayant le prisme de notre entourage, de notre éducation et de notre culture. Notre expérience à l’étranger nous invite à des nouvelles lectures qui ne pourront qu’enrichir notre réflexion personnelle et nous permettre de dessiner un équilibre qui nous ressemble. C’est d’ailleurs un des sujets fondamentaux sur lequel nous travaillons dans le programme réservé aux conjoints expatriés : trouver un projet pro qui soit au service de l’équilibre de vie à laquelle la personne aspire.

Pour conclure avec les mots de Nathalie Rozborski qui avait ouvert cet article :

« Il n’y a pas qu’une seule voie, un seul modèle, mais il existe plein de scénarios différents (…) Il n’y a pas de mini-vies, ni de grands destins. Et ce n’est pas grave ! Tout le monde ne veut pas être Beyoncé, et on n’a pas besoin non plus de 10 Christine Lagarde sur le même floor… Il faut arrêter de faire croire aux gens qu’il n’y a qu’un seul modèle de réussite (…) Le seul « role model » valable, c’est le nôtre. »

Hélène Cuney – Munich

Helene-Cuney

Française, expatriée en Suisse et en Allemagne. Diplômée de l’ESSEC et vivant depuis 10 ans en Allemagne, Hélène est coach professionnel certifié à l’CI de Genève. Elle accompagne les personnes s’installant en Allemagne. Spécialités : recherche d’emploi, création d’entreprise, carrière du conjoint. Pour prendre rendez-vous avec Hélène pour une séance découverte de coaching gratuite, rendez-vous ici.

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