En Grèce, Bénédicte et la Fresque du Climat

benedicte 20 ans Après sept ans à Rabat au Maroc, Bénédicte rentre en France trois ans, avant de repartir en 2018 pour Athènes avec son mari et leurs trois filles. Bénédicte est romancière. En parallèle de son activité artistique, elle est devenue animatrice de la Fresque du Climat. Voici son témoignage.

 

 

 

 

Mon cheminement : de la déprime à l’action


Tout a commencé par un instant bien connu des FemmExpats.

Août 2018, notre déménagement vient d’arriver, je vide les cartons. Lorsque les objets ont trouvé leur place – ou pas – je pose les cartons aplatis sur le balcon en attendant de les descendre à la benne de recyclage dans la rue. Au bout de quelques heures je suis en sueur. Il fait très chaud. Je m’offre un verre d’eau et un peu de clim, et je regarde par la fenêtre. Le tas de cartons a envahi tout le balcon, jusqu’au garde-fou. À côté, un autre tas plus volumineux encore : papier bulle, lambeaux de scotch, feuilles de papier kraft chiffonné.

Une angoisse soudaine me saisit la gorge. Tous ces objets, tous ces meubles qui ont voyagé d’un bout à l’autre de l’Europe, tous ces emballages à jeter, tous ces trajets que nous ferons – en voiture ou en avion – pour rentrer voir notre famille et nos amis en France ou pour visiter notre pays d’adoption… Tout cela fait de moi l’une de ces personnes dont le mode de vie est incompatible avec les limites physiques de notre Terre. Oui, à cause de gens comme MOI, les générations à venir vivront dans un environnement dégradé.

Je le savais déjà mais ce jour-là je le saisis dans ma chair. Une boule de culpabilité et d’angoisse se forme dans ma gorge. Elle y restera pendant plusieurs mois. L’heure n’est plus aux petits gestes. Il faut agir en grand. Changer de paradigme. Mais je me sens incapable, impuissante. Tellement impuissante !

Et je m’enfonce dans une déprime écologique.

Petit à petit, je comprends que la culpabilité et l’angoisse n’ont jamais rien résolu, et que le seul moyen de m’apaiser – et d’être utile – est d’entrer dans l’action. De faire ma part pour le développement d’une société plus vertueuse et plus résiliente. J’attaque le sujet par divers côtés. J’engage notre famille sur un chemin de sobriété et de réduction des déchets, je sers le café et donne des cours d’anglais à des migrants, j’entame l’écriture d’un roman sur l’exil, la migration et la recherche de sens (à paraître).

Et puis le Covid arrive, et avec lui l’espoir d’un « monde d’après » plus sobre et plus juste. Comme beaucoup je fais le gros dos, je me recentre sur l’essentiel : ma famille, l’écriture de mon roman… Et j’attends. Et puis les écoles rouvrent enfin, les magasins et les frontières aussi et je comprends que le monde n’est devenu ni plus sobre, ni plus juste.

Mais pas de déprime, cette fois : je vois désormais les choses différemment. La bonne nouvelle, c’est que si je fais partie du problème, cela signifie que je peux également faire partie de la solution. Il est temps de passer à la vitesse supérieure.

Mon mode d’action : l’écriture et la Fresque du Climat


Certains inventent des solutions techniques révolutionnaires, d’autres plantent des arbres ou militent… Mon mode d’action à moi, c’est de raconter des histoires. Or il me semble qu’en matière de récits notre société manque cruellement de projections positives de notre avenir. On nous propose soit une catastrophe planétaire, soit un tout technologique effrayant et peu réaliste. C’est terrible, car je suis convaincue que l’espoir et l’imagination sont les meilleurs moteurs de l’inventivité et de l’action. Nous avons besoin de nouveaux récits motivants pour nous inspirer et nous tirer en avant. J’ai donc décidé de consacrer mon prochain projet d’écriture à l’imagination d’un futur vraisemblable mais souhaitable, qui donnerait à nos enfants l’envie de grandir.

Mais l’écriture est un processus long et solitaire. J’ai aussi besoin de concret et de rencontres. C’est pourquoi j’ai décidé de me former à l’animation de la Fresque du Climat, un outil que j’ai découvert lorsque que l’école de commerce où j’ai étudié a commencé à organiser des « rentrées climat » pour ses étudiants.

La Fresque du Climat est un « serious game » : un atelier collaboratif fondé sur les données scientifiques des rapports du GIEC qui permet au grand public, en seulement trois heures et en jouant, de comprendre les mécanismes du changement climatique. C’est un outil très puissant, traduit en 35 langues, qui a déjà permis de sensibiliser plus de 230 000 personnes dans le monde. L’objectif est de sensibiliser 1 000 000 de personnes d’ici 2022. Pourquoi ? Parce que si nous ne sommes pas tous des inventeurs, des chefs d’entreprises ou des politiciens, nous sommes en revanche tous des citoyens et des consommateurs. Et si nous voulons que nos sociétés basculent dans la transition, l’urgence climatique doit être au cœur de chacune de nos actions, de chacun de nos choix, de chacune de nos décisions, de chacun de nos votes… Ce qui n’est possible que si nous sommes de plus en plus nombreux, partout dans le monde, à être bien informés et pleinement conscients de ce qui se passe.

La Fresque permet cela.

Et pour les FemmExpat ?


Le sujet du changement climatique et de la nécessaire modification de nos modes de vie commence à devenir brûlant dans la communauté FemmExpat. On l’a vu récemment avec cet article intitulé « Mon bilan carbone en expat : on en parle ? ». L’Atelier de la Fresque du Climat peut apporter des réponses aussi bien à celles qui se sentent dépassées par ce sujet qu’à celles qui ont déjà avancé dans leur transition à titre personnel, mais qui auraient besoin de l’émulation d’un groupe pour aller plus loin.

Le format « Fresqu’online », organisé avec les logiciels Zoom et Mural, permet de participer à un atelier de la Fresque en français depuis chez soi, où que l’on soit dans le monde. Chacun peut s’inscrire individuellement aux ateliers en ligne organisés par l’association de la Fresque du Climat, mais le fait de vivre cette expérience entre expatriées qui partagent une part de vécu est très porteur et permet de se placer au plus proche des préoccupations de chacune. J’ai pu le constater récemment lors d’un atelier organisé pour les adhérents de l’association Athènes Accueil, que j’ai co-animé avec Cristina Sarris, référente de la Fresque du Climat en Grèce.

C’est pourquoi je propose aux FemmExpats un atelier « Fresqu’online » dédié, adapté à leurs problématiques particulières. Et qui sait, peut-être décideront-elles de se former à leur tour pour diffuser la Fresque du Climat dans leur pays d’adoption ?

Ecrivain, Bénédicte est l’auteur de la série de fantasy jeunesse Oniria.
Retrouvez ses écrits sur son site – dont un article proposant des éléments pour mieux vivre la crise actuelle à la lumière des « cahiers de bord » écrits par son grand-père pendant la seconde guerre mondiale.

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