Témoignage : retour d’expat et un guide pour oser se reconvertir

carrière et valeurs

Guenolée de Carmoy est rentrée d’expatriation en 2018. En avril 2023, elle publie avec Bhadraka Harang « Tout plaquer avec succès : Le guide pour oser se reconvertir et dire non à une carrière toute tracée » aux éditions Alisio. Encore un ouvrage de développement personnel ? Peut-être, il est surtout axé « carrières » et quand il est écrit par une FemmExpat, on sait qu’il est animé par une énergie particulière et une réflexion nourrie par l’expatriation.

Guenolée, quel est votre parcours d’expatriée ?

A ma sortie d’école de commerce, j’ai travaillé chez Google, puis une startup qui a été rachetée depuis par Accor. A 27 ans, j’ai suivi mon mari en expatriation en Egypte. Mon état d’esprit à ce moment-là ? Une folle envie de profiter de découvrir ce pays et cette culture fascinante mais j’avais également cette préoccupation de vouloir travailler pour ne pas entraver ma carrière et garder une autonomie financière.

A mon arrivée au Caire je n’ai pas eu beaucoup le choix. Je n’avais pas de réseau, je ne parlais pas encore arabe. J’ai accepté la première offre que j’ai reçue après avoir envoyé mes candidatures. Je me suis donc lancée dans une grande banque française, dans un poste à responsabilités et challenges managériaux importants. Peu de temps après notre arrivée, nous avons vécu le printemps arabe. Nous nous sommes fait évacuer du pays plusieurs semaines. Je travaillais place Tahrir et j’y allais en métro. J’ai eu ma seconde fille à ce moment-là. Le Caire, entre 2011 et 2015, c’est des couvre-feux tous les jours pendant des périodes de plusieurs mois, des pannes de courant, des assassinats, du harcèlement sexuel, de la pollution, des embouteillages… C’était une période un peu folle. Le travail m’aidait à ne pas trop penser à ce contexte anxiogène.

Ce qui me terrifiait à cette époque, c’était d’avoir étudié sept ans pour me retrouver avec une carrière morte dans l’œuf à 27 ans. Pour compenser, je travaillais avec acharnement, dans des conditions difficiles. Professionnellement, je me suis beaucoup trop investie compte tenu de ce que j’avais à gérer dans ma vie personnelle.

Suite à cela, à notre arrivée en Ouganda, j’ai choisi de travailler dans une plus petite structure, dans le domaine des énergies solaires. Assez rapidement, on m’a demandé de voyager dans des pays limitrophes, ce qui m’imposait de m’absenter plusieurs jours par semaine. Compliqué avec des enfants en bas âge, et dans un contexte où culturellement, nous étions assez isolés. Nous savions par ailleurs que le retour en France approchait, j’ai donc choisi de démissionner pour me consacrer à un tout autre projet : l’écriture d’un roman historique.

Cette période a été comme un déclic sur vos envies profondes…

Ah oui l’écriture a été une aventure géniale. J’ai adoré, même si je n’ai pas (encore !) réussi à faire publier mon roman et que je n’ai pas gagné d’argent. J’en garde un superbe souvenir et je suis très fière de ce livre. Cette pause active m’a également permis de préparer mon retour, d’anticiper plein de choses. Je savais surtout qu’il faudrait trouver un travail assez rapidement. Mais cette période m’a permis de prendre du recul. J’ai beaucoup réfléchi à quelle place je voulais donner à mon travail dans ma vie et comment concilier mes ambitions professionnelles, mes ambitions en tant qu’individu, et aussi en tant que mère. Je me suis interrogée sur la façon de donner un sens et une juste place à mon travail, car jusqu’à présent, mes boulots n’en avaient pas trop eu…

Et comment s’est passé votre retour ?

Ça n’a pas été facile. Nous revenions de pays très chaleureux au sens propre et au sens figuré et la France nous a paru vraiment peu accueillante. Et puis surtout, nous nous étions construits en dehors du cocon familial, protégés des problèmes, qui, une fois en France, vous reviennent en pleine figure. Le retour prend énormément d’énergie. Renouer avec son réseau, accompagner ses enfants dans le choc pédagogique du système français, les soutenir quand ils sont nostalgiques.

Pendant le Covid, votre réflexion personnelle vous amène à votre co-auteur : Bhadraka

Un ami : Bhadraka, avait intégré un gros cabinet de conseil après l’école Polytechnique et avait ensuite travaillé chez BlaBlaCar en pensant qu’il intégrerait une entreprise à impact. En prenant du recul, il a eu l’impression de mettre son énergie principalement au service de l’enrichissement des actionnaires. L’audace de son manager qui a démissionné sans projet, pour se rapprocher de ses valeurs lui a permis de comprendre qu’une autre voie était possible. Cela faisait déjà plusieurs mois qu’il pratiquait le yoga quotidiennement. Bhadraka décide de se former comme enseignant et plaque tout.

Alors vous lui proposez des échanges par zoom

Régulièrement pendant le covid, on se donnait rendez-vous en visio pour discuter de ces questions d’orientation et trouver des moyens de concilier nos envies et nos valeurs avec les enjeux d’autonomie financière. Nous faisions ainsi le point sur nos réflexions professionnelles respectives. Nos entretiens étaient enrichissants. C’est là que se situe la genèse de ce projet.

« Tout plaquer avec succès » vient donc de ces discussions à deux ?

guide se reconvertir

Oui. Nous avons alors décidé de partir à la rencontre et de filmer des gens qui avaient fait des grandes écoles, avaient démarré dans des carrières qui avaient tout ce que la société considère comme étant la réussite : l’argent, le pouvoir, le prestige et qui s’en sont éloignés ensuite pour s’orienter des vers des métiers qui privilégiaient le sens à tout cela. On a démarré avec six personnes de notre entourage plus ou moins direct et puis le groupe s’est élargi. Les discussions étaient très riches, on a senti qu’il fallait le partager. De mon côté j’avais adoré écrire, donc la décision a été prise de proposer ces entretiens à un éditeur… Notre projet a été accepté par plusieurs maisons d’édition et nous avons choisi celle qui nous a fait aller encore plus loin : rencontrer des professionnels du secteur pour donner au lecteur les clés d’une reconversion réussie.

C’est quoi, la clé d’une reconversion réussie ?

Il y a deux dimensions et la première est sans conteste la plus importante. Il s’agit de se connaître soi-même, de savoir ce qui nous fait vibrer et quelles sont nos valeurs profondes. La deuxième c’est l’analyse du contexte : de quoi le monde a-t-il besoin ? Quelles sont les opportunités autour de moi, les tendances de la société ? Une reconversion et plus largement, une orientation réussie c’est un endroit qui relie cette dimension interne avec la dimension externe.

Qu’est-ce que l’expatriation vous a apporté ?

L’expat m’a apporté un parcours très riche d’opportunités, parce que j’ai fait des choses que je n’aurais jamais faites en France. Il est vrai que j’ai rencontré des contraintes, mais elles m’ont forcé à sortir de ma zone de confort. J’ai connu des secteurs d’activités différents, j’ai appris l’arabe, je me suis mise en difficulté. La perspective culturelle, la rencontre avec la grande pauvreté m’ont permis d’envisager les questions « A quoi ai-je envie de contribuer ? » et « quelle est la juste de place du travail ?». Quand vous habitez dans un pays en développement, que vous voyez des gens capables d’être heureux dans le dénuement, vous relativisez par rapport à la nécessité de gagner toujours plus !

Quels conseils donneriez-vous aux expats qui rentrent prochainement ?

Le retour est dur mais on peut l’anticiper. N’hésitez pas à rencontrer des personnes avec qui vous sentez que vous pourrez avancer, un peu comme je l’ai fait avec Bhadraka, donnez rendez-vous à des gens avec qui vous partagez des questionnements, des envies. Ne restez pas seule dans vos réflexions.

Ensuite, n’hésitez pas à mettre en avant toutes vos expériences lors de vos entretiens. J’ai trouvé mon job actuel de cheffe de projet dans un pôle universitaire (je ne vis pas de l’édition de mon livre !) en un mois seulement car j’étais claire avec mes envies. C’est toutes les rencontres que j’ai faites et l’écriture de Tout plaquer avec succès qui m’ont permis d’identifier ce à quoi je voulais contribuer. Alors que j’avais travaillé dur pendant sept de mes huit années d’expatriation, le recruteur s’est focalisé sur mes expériences bénévoles et l’écriture de mon roman. Si on m’avait dit cela il y a huit ans, je ne l’aurais pas cru !

Enfin, si vous devez reprendre un job alimentaire, n’hésitez pas à travailler en parallèle sur un side project. C’est aussi ce qu’expliquent les coachs que nous avons interviewé dans notre ouvrage et qui donnent des conseils et des outils pour définir son projet. Vous ne pourrez peut-être pas tout plaquer tout de suite, mais en revanche, donnez-vous du temps pour travailler sur quelque chose qui vous fait vraiment vibrer. Voyez comment il peut grossir et petit à petit votre projet professionnel prendra corps.

Allez vers ce qui vous fait envie et qui a du sens pour vous et faites-vous confiance !

Retrouvez Guénolée sur Instagram et tentez de gagner son livre !

Concours Instagram, organisé sur le compte Instagram de FemmExpat du samedi 13 mai au mercredi 17 mai ! N’hésitez pas à venir témoigner sur votre retour en France pour gagner un exemplaire de cet ouvrage !

Bouton abonnement NL FXP

FemmExpat vous conseille de lire également :

Carrière et retour en France. Souligner son atypisme, le témoignage de Lorraine

Emploi retour en France : gardez l’esprit ouvert

Job Booster Cocoon : un cocon pour réinventer sa carrière

Retour à l’emploi après une expatriation : on reste calme !

Salariée expatriée : bien négocier vos conditions de retour

S’épanouir en tant qu’artiste en expatriation – Témoignage

Autres articles dans la catégorie

  • Echangez avec d’autres expats !

  • Nos conférences en ligne

  • Podcast

  • Agenda

  • Rejoignez-nous sur Instagram !

  • Qu'apprend-on en expatriation ?

    Avec l’expatriation, comment change notre regard sur notre pays d’origine ?

    Et notre perception de la santé, de l’éducation, ou notre rapport au travail ?

    Et puis…

    Comment se forme-t-on ? Dans quels domaines ? Que transmet-on ?